Le claveciniste et chef d’orchestre néerlandais Gustav Leonhardt s’est éteint lundi 16 janvier 2012 à l’âge de 83 ans. Infatigable défricheur, il avait initié la redécouverte de pans entiers du répertoire baroque et vouait une immense passion à Jean-Sébastien Bach.
Il avait donné son dernier concert le lundi 12 décembre 2011, aux Bouffes du Nord à Paris (37 bis boulevard de la Chapelle).
Le théâtre était comble, certains spectateurs avaient été installés à même le sol sur des coussins, et l’auditoire comptait un nombre impressionnant de musiciens, surtout des clavecinistes, tous plus ou moins ses élèves, ou élèves de ses élèves.
Il n’a fait aucune annonce, aucune déclaration, respectant le rite du concert exactement comme s’il se fût agi d’un récital comme un autre. Il est même allé jusqu’à donner un bis, réclamé par une salle déchaînée. Ce bis,
"la vingt-cinquième Variation Goldberg" de Bach,
il a eu le plus grand mal à le jouer jusqu’au bout.
Il a seulement laissé sonner le dernier sol grave une fraction de seconde de plus qu’il n’aurait fait habituellement. Et puis, d’un pas incertain, il a quitté le splendide clavecin qui ne sonnerait plus jamais sous ses doigts.
En quittant les Bouffes du Nord, il avait dit à Olivier Mantei, directeur du théâtre, avec une absolue simplicité :
« C'était mon dernier concert, parce que je vais mourir, je suis content de l'avoir fait ici, car j'aime bien cette salle.»