Je suis née pendant les violents bombardements de la deuxième guerre mondiale. Ma mère avait vingt ans ; elle était fiancée avec mon père qui est mort sur le front russe quelques semaines après ma naissance.
Débuts difficiles
Les familles monoparentales étaient rares et mal vues à l’époque. Pour elles, c’était la honte, le rejet, l’insécurité. Ma mère voulait me faire adopter, mais elle a finalement décidé de me garder, malgré l’opposition familiale.
À l’école j’ai beaucoup souffert du rejet à cause de l’absence de père. J’ai bénéficié toutefois d’une heureuse complicité avec ma maman et mes grands-parents pendant les neuf années que j’ai vécues au milieu d’eux.
Éclaircie
J’avais neuf ans quand ma maman s’est mariée. Son mari, un homme de valeur, m’a adoptée. Je suis alors devenue légitime aux yeux des autres. Quel bonheur pour moi ! Je n’avais plus à avoir honte.
Maman était sensible à la foi. Elle m’avait abonnée à un petit journal chrétien qui m’encourageait à une vie de valeur. Je me souviens aussi des mots du pasteur qui nous répétait avec emphase : « Messire Dieu premier servi ! » Ma foi en Dieu grandissait.
Ma vocation d’infirmière
Ma mère a appris qu’une clinique cherchait des jeunes filles pendant les mois d’été pour aider le personnel auprès des malades.
J’étais intéressée. Ma mère a été rassurée lorsque la responsable lui a dit : « Dieu conduira votre enfant. » C’est là que ma vocation est née : devenir infirmière pour aimer, servir, soigner. J’étais comblée.
Parallèlement, ma relation avec le Christ grandissait et j’ai désiré fonder une famille. J’ai eu le bonheur de rencontrer mon futur mari. Ma famille a approuvé ce choix. Nous avons eu trois fils. J’étais heureuse et reconnaissante.
Deux coups de tonnerre
Mais une violente épreuve a surgi : la mort accidentelle de ma maman bien aimée. Je peux témoigner que j’ai vécu la réalité tangible du secours de Dieu à ce moment-là comme jamais. Après cela, ma foi a pris une tout autre dimension.
Une autre épreuve de taille m’attendait : l’abandon de mon mari qui m’a laissée seule avec trois jeunes enfants en détresse, à la recherche de repères. J’étais complètement abasourdie.
J’ai demandé ardemment à Dieu le retour de mon mari. J’y croyais, lorsqu’un jour, le Seigneur m’a posé cette question : « Et s’il ne revient pas... me suivras-tu encore ? » Après un moment de silence, j’ai répondu : « Oui Seigneur. Tout perdre mais pas toi. » Mon mari n’est jamais revenu, mais la grâce, l’amour et la protection du Seigneur ne m’ont jamais manqué.
Mon bilan
Malgré toutes mes épreuves, je peux dire : « J’ai été bénie malgré tous mes malheurs. » N’abandonnez jamais le Christ. Il est tellement digne d’être aimé.