De vos quatre ouvrages, «Catholique anonyme» est celui qui se vend le mieux. Vous attendiez-vous à un tel succès ?
Disons que je ne suis pas surpris qu’il se vende mieux que les autres, parce que je me suis rendu compte que mon parcours touche vraiment les gens. Premièrement les croyants, qui sont amusés ou réconfortés. Mais également ceux qui sont hostiles à la religion, car ils découvrent que l’on peut parler de ce sujet sans contrainte ni embrigadement. Et finalement, beaucoup de lecteurs se retrouvent dans mes doutes, mes questions et mes découvertes. J’ai l’impression d’avoir ouvert une porte à des gens qui n’osaient pas l’ouvrir. La quête de Dieu est un sujet d’actualité qui intéresse tous les hommes, mais bien souvent on s’interdit de mener une réflexion spirituelle, préférant se soumettre à la dictature de la performance et de la réussite personnelle. Cela créé inévitablement un manque chez beaucoup de gens. Pour tous ces anonymes… mon livre leur apporte un vrai soulagement.
Pourquoi alors, avoir pris le risque de publier un tel ouvrage biographique ?
Depuis que j’ai fait cette rencontre incroyable avec Jésus, je n’ai qu’une envie, c’est de la partager avec tout le monde. Je me fous complètement de ce que l’on pensera de moi. C’est même devenu le cadet de mes soucis. Il n’y a donc pas de courage dans ma démarche et qu’importe si on me dévisage comme coincé et ringard.
Qu’est-ce cette rencontre a changé dans votre vie ?
Je dirais que ma vie en tant que telle n’a pas changé, car j’ai toujours la même famille, le même boulot, les mêmes problèmes... Et je ne suis pas rentré dans les ordres! Mais ça a changé complètement ma vision de la vie. Je suis beaucoup moins centré sur moi-même et sur mes diverses préoccupations. Jésus a pris la première place de ma vie. Sa présence me procure une joie profonde et une force considérable.
Avant cette fameuse rencontre, vous étiez très affairé et vous n’aviez que peu de temps à consacrer à votre famille. Qu’en est-il aujourd’hui ?
J’ai toujours un emploi du temps bien rempli. Souvent on le remplit par peur du vide… On a tellement peur de se retrouver soi-même et de devoir affronter des questions existentielles que l’on se trouve des obligations. Aujourd’hui, mon amour pour ma femme, mes enfants et mes proches a été ravivé. Je ne passe pas plus de temps, mais du temps de meilleure qualité.
Est-ce que votre foi en Jésus a modifié votre image de producteur branché ?
Je ne pense pas être quelqu’un de particulièrement branché! Je ne suis pas le chantre de la ‘’branchitude’’ ou le spécialiste des boîtes de nuit. Je suis un producteur parmi tant d’autres et je propose des émissions assez sérieuses comme «Sept à Huit» sur TF1. Donc de ce point de vue-là, mon image n’a pas tellement changé. Et pour être honnête, je pense que les gens se moquent complètement de qui vous êtes… Ce qui est très important quand on travaille à la télévision, c’est de se rendre compte à quel point il s’agit d’un média populaire. Ce que je dis semble évident, mais bien souvent, on ne s’en rend pas compte. 8, 9, 10 millions de téléspectateurs… c’est immense! Et il n’y a aucune commune mesure avec les autres médias ou même avec le monde de l’édition. Lorsqu’un livre se vend à 20.000 exemplaires, c’est un beau succès. À la télévision, il ne faut donc jamais perdre de vue qu’il faut toucher tous les Français, à toute heure de la journée ou de la nuit. Par conséquent, être branché, ce serait prendre le risque de ne s’adresser qu’à un petit club ou à une élite particulière. Ma rencontre avec Jésus m’apporte une ouverture et un changement de perspectives, mais elle ne change pas mon professionnalisme. À titre d’exemple, je prépare actuellement une émission de variété pour TF1, avec des chœurs d’enfants. Je ne vais pas leur faire chanter des chants de la liturgie catholique! Je vais rechercher la qualité et respecter les règles de l’art.
Qui est Jésus pour vous aujourd’hui ?
Pour moi, Jésus est le Fils de Dieu. Et c’est une personne bien vivante que j’ai rencontrée il y a deux ans. Quoi que je fasse, je pense à lui tout le temps. Dans une émission de télévision, chez Fogiel, je me souviens avoir donné l’image d’une relation extraconjugale ! Avant cette rencontre, je pensais que la foi était quelque chose de cérébral et que certains finissaient par rencontrer Dieu à force de se triturer le cerveau et de s’ennuyer à la messe. Mais en réalité, la foi c’est comme être amoureux. Tout le monde peut tomber amoureux du jour au lendemain. De la même manière, tout le monde peut faire cette rencontre avec Jésus de manière inattendue. Maintenant, bien évidemment, il n’y a pas de compétition avec mon épouse! Au contraire, ma relation avec Jésus fait grandir mon amour envers ma femme.
Quel genre de chrétien êtes-vous?
Je lis la Bible tous les jours et je me rends à la messe chaque semaine. En cela, je suis rentré dans les rangs! Mais je ne le fais pas par obligation. Autant, autrefois je m’ennuyais ferme à l’église et j’entrevoyais la messe comme une punition collective, autant aujourd’hui, il y a toujours quelque chose qui me touche et me rapproche de Dieu. Et il est bénéfique de perdre un peu de son individualisme pour appartenir à une communauté. Maintenant, je ne suis pas complètement dans le moule, dans le sens où je ne dis pas amen à toutes les déclarations du Vatican ou du Pape. J’ai gardé un esprit critique et je ne me sens pas l’obligation de défendre bec et ongles les déclarations de Benoît XVI. Être chrétien, ce n’est pas perdre son esprit critique. Contrairement à ce que les gens pensent, la vie chrétienne ce n’est pas un ramassis de règles. Avec Dieu, je vis une relation personnelle et je conserve ma liberté. On a le droit de se questionner, et c’est même une bonne chose. Si la foi est une obligation, elle est dénuée de tout intérêt. La liberté est essentielle, et dans celle-ci, il y a une place pour l’esprit critique. En outre, l’Église c’est un endroit vivant et non un cimetière. Depuis 2000 ans, il y a eu pas mal de désaccords. Seul l’Évangile reste immuable!
Qu’est-ce que la Bible pour vous ?
La Bible pour moi est la Parole de Dieu. C’est ce qui en fait sa valeur exceptionnelle.
Votre épouse vous a-t-elle suivi sur ce chemin de foi ?
Mon épouse ne va pas à la messe et n’a pas été touchée comme je l’ai été. Mais je dirais qu’elle a suivi mon cheminement de plusieurs façons: en me laissant participer à cette catéchèse, en m’incitant à écrire ce livre, bien avant mon éditeur, et en écrivant le scénario pour un film en préparation...
Quand on lit votre parcours, on a l’impression qu’il faut faire un sacré effort pour trouver la foi. Dieu est-il difficile à rencontrer ?
Dieu est très facile à rencontrer, mais c’est nous qui freinons. Notre peur est plus grande que notre envie… Alors si mon livre pouvait au moins donner envie de passer le cap, ce serait formidable. Il faut que les gens sachent qu’il est la source du vrai bonheur. Quand on est amoureux, on aimerait que tout le monde le soit également. Avec Dieu, c’est la même chose…
Dans vos descriptions, vous n’êtes pas toujours très tendre avec ceux qui ont participé à cette catéchèse… Ont-ils lu votre livre et vous ont-ils pardonné votre franchise ?
Je crois qu’ils l’ont lu. Je les ai revus depuis… Et je pense qu’ils m’ont pardonné, parce que j’ai cherché à être franc et à donner un regard extérieur, mais sans être volontairement méchant. Je pense que cela leur a fait plus de bien que de mal. Et aux dernières nouvelles, l’assistance aux catéchèses serait plus nombreuse.
En tous les cas, vous portez un regard honnête sur l’Église. Selon-vous, que devrait-elle faire pour être plus attirante ?
Souvent on dit qu’il faudrait des chants plus sympas, des messes plus courtes, des déclarations moins choquantes… Personnellement, j’ai l’impression qu’il faut surtout redonner le pouvoir aux fidèles, aux gens simples, aux croyants de base. Il n’y a jamais eu autant de communautés et de cours alpha qu’aujourd’hui, ce n’est pas anodin. Venant de la base, beaucoup de choses se passent naturellement. L’Église doit le comprendre et l’encourager. L’Église est une jeune fille en fleur, pas une vieille institution. Et d’une certaine façon, je dirais que Benoît XVI n’est pas à sa place. C’est quelqu’un de très intelligent, mais ce n’est pas un bon manager. C’est un intellectuel et non un opérationnel.