Qui enseigner?
L'Ancien Testament, la première partie de la Bible, montre que c’est d’abord la famille qui doit être enseignée. L'éducation des enfants incombe surtout au père mais la mère y a aussi sa part. Le livre des Proverbes évoque l'enseignement de la mère qu'il ne faut pas «rejeter». On trouve un exemple de cet enseignement en Deutéronome 6. Après avoir rappelé qui est Dieu, «L'Éternel notre Dieu, l'Éternel est un» et ordonné de l'aimer, les parents sont incités à «inculquer à leurs enfants ces paroles».
Lorsque la fête de la Pâque est instituée, il est indiqué que chaque année, l'enfant doit demander ce qu'elle signifie. Le père lui répondra en racontant l'exploit magnifique par lequel Dieu a fait sortir son peuple d'Égypte. C'est ainsi qu'Israël célèbre encore aujourd’hui la fête de sa libération.
Quand il s’agit du peuple, ce sont principalement les responsables spirituels qui ont la charge de l’enseigner. Chacun a une tâche spécifique. Une part de la transmission se fait lors des grands rassemblements alors que toute la communauté est réunie. Nous voyons par exemple Esdras lire la Loi devant tout le peuple: jeunes, personnes âgées et enfants. Ensuite, les Lévites passent dans les rangs pour expliquer ce qu'Esdras a lu... S'y ajoute l’enseignement des sacrificateurs qui, tout au long de l’année, ont la responsabilité d’expliquer le sens des sacrifices.
Quant au roi, il doit copier pour lui un exemplaire de la Thora et la lire tous les jours de sa vie afin de montrer l’exemple.
Enseigner quoi?
Israël doit apprendre la foi, les commandements et la prière.
Il doit se souvenir des bases de la révélation : les grandes interventions de Dieu dans l'histoire de son peuple. En effet, ces actes révèlent son être, son amour pour son peuple, sa fidélité et sa patience inépuisables face au péché. Ils manifestent également sa justice et sa sainteté. Ces hauts faits sont lus dans les Écritures, et «mis en scène» pendant les fêtes rituelles célébrées chaque année. En effet, ces fêtes religieuses associent à l'enseignement une liturgie très expressive. Le verbe «apprendre» éveille souvent en nous la crainte de la monotonie, mais ce n’est pas le cas en Israël.
Chaque juif doit également connaître les Dix Commandements que Dieu a donnés à son peuple. De nombreuses prescriptions en disent les conséquences pratiques pour la vie de tous les jours. Leur but: faire qu'Israël vive comme une nation sainte. Le peuple apprend donc les lois cultuelles, familiales et sociales. Aucun domaine n'est oublié : le comportement au travail ou en cas de maladie, les situations de guerre et de paix. Elles règlent aussi l'attitude à adopter à l'égard des étrangers, des réfugiés.
Enfin, Dieu veut apprendre à prier à son peuple. À travers les exemples donnés par différents personnages bibliques (Abraham, Moïse, Salomon…) mais surtout par les psaumes. Dans ces 150 prières, chacun peut se reconnaître. Elles mêlent louange et cris de désespoir, amour et ressentiment, faiblesse et confiance.
Enseigner comment?
La récitation joue un grand rôle dans cette société où l’oral est privilégié. Les histoires aussi. On imagine sans difficulté les familles réunies, autour des repas festifs et les parents racontant à leurs enfants ces histoires que leurs propres parents leur ont jadis léguées.
Ensuite, il y a la conversation et des moyens mnémotechniques. C’est ainsi que nous lisons les recommandations suivantes: «Les commandements que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Tu les enseigneras à tes enfants. Tu en parleras quand tu seras assis chez toi, quand tu marcheras sur la route, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Pour ne pas les oublier, tu les attacheras sur ton bras et sur ton front. Tu les écriras sur les montants de la porte de ta maison et sur les portes de tes villes».
De l’Ancien au Nouveau Testament
L'Ancien Testament contient un excellent modèle d'enseignement, qui a continué à inspirer l'Église chrétienne plus tard. La foi, les commandements et la prière y sont toujours les trois fondamentaux.
L'apôtre Paul écrit à Timothée: «Je garde le souvenir de ta foi sincère, cette foi qui se trouvait déjà chez ta grand-mère Loïs et chez ta mère Eunice. À présent, elle habite aussi en toi, j'en suis pleinement convaincu» Qu’avaient donc fait la mère et la grand-mère de Timothée pour transmettre leur foi? Paul l’évoque en écrivant: «Depuis ton enfance, en effet, tu connais les Saintes Écritures» C’est donc sur le terreau des Écritures que la foi de Timothée en Jésus-Christ a pu prendre racine.
S’il est évident que la foi ne se transmet pas puisqu’elle naît d’une rencontre avec le Christ vivant et de la réponse que nous lui adressons, nous voyons, ici comme ailleurs, que les parents jouent un rôle indéniable pour préparer le terrain.
Pour aller plus loin
Proverbes 1.8; Deutéronome 6.1-9; 2 Timothée 1.5; 3.15