Au rang des accusés, je demande le « Petit Papa Noël ». Malgré sa barbe et son sourire de « petit père des peuples », ses vêtements rouges - couleur de la révolution et de toutes les utopies égalitaires et fraternelles - et son origine due à une mutation génétique culturelle sécularisée de Saint Nicolas, le Père Noël est un usurpateur vendu au capitalisme rageur, à la consommation de jouets « made in China », fabriqués par des gamins qu’il ne visitera jamais, et à la tromperie des petits nantis éblouis par le miroir aux alouettes du « Je possède donc je suis ». Bref, le Père Noël est une ordure ! Je déteste cet usurpateur.
Des éléments à charge
Petit : Vous l’avez déjà vu ? Il n’a rien de petit, il est plutôt impressionnant. Et à Noël, il a tendance à prendre toute la place. Dans les haut-parleurs, dans les publicités, dans les décorations, on ne voit que lui. Rien à voir avec l’humilité du Christ dont Noël est censé commémorer la naissance, « lui tout ce qu’il avait, il l’a laissé. Il s’est fait serviteur »(1).
Papa : Vous avez déjà rencontré ses enfants, vous ? Ce gars-là est plutôt le cauchemar des papas. Une simple demande est supposée suffire pour que tous les vœux s’accomplissent (d’accord, faut bien demander pardon pour les bêtises, mais vite fait, à la dernière strophe de la chanson). Ensuite le véritable papa doit expliquer pourquoi le vœu ne s’est pas accompli (c’était trop cher, mais ça on ne peut pas le dire). En plus, ce « Papa » n’est là qu’une fois par an, gâte trop les enfants et les encourage à être des égocentriques concernés uniquement par leurs désirs. Bonjour le principe éducatif ! Rien à voir avec le Dieu qui, à Noël, révèle qu’il veut faire de nous ses enfants, nous adopter, être « notre Père » toujours présent.
Noël : Pas question pourtant de jouer au rabat-joie. J’aime les cadeaux ! Alors, défaisons le ruban de Noël ! Que découvrons-nous ? Dieu lui-même. Dieu qui se fait appeler Emmanuel, Dieu avec nous. Dieu qui partage non seulement un jour de fête, mais également les tempêtes de notre vie, les jours gris de la solitude, les longues traversées de la dépression, les questionnements angoissés de la maladie. Noël, c’est Dieu qui dit : « N’ayez pas peur, ne craignez rien, je suis avec vous, je suis avec toi, tous les jours. Je suis là en ami, en Sauveur, en Conseiller, en Père et en Frère. Tous les jours ». Et pour nous souvenir de cette générosité divine, nous échangeons des cadeaux, des cadeaux offerts par de vraies personnes, des cadeaux qui leur ont coûté et pour lesquels, grands et petits, apprennent à dire merci et à donner leurs cadeaux en retour. Et là, c’est Noël !