La pollution de l’air et de l’eau, l’épuisement des ressources naturelles, la disparition d’espèces animales et végétales, ou le réchauffement climatique… font peser une grave menace sur l’avenir de la Terre, la santé et même la survie de l’humanité.
Le récit biblique de la création déclare que Dieu créa l’homme à son image pour qu’il « domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre ». Il ajoute : « Dieu bénit l’homme et la femme et leur dit : ”Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la”. »
Ce que l'on a fait dire à la Bible
S’il en est ainsi, les humains ne peuvent-ils pas penser que c’est à bon droit qu’ils mettent en œuvre les ressources de leur intelligence pour transformer le monde grâce à leurs techniques et leur industrie ? Du coup, ils en sont venus à considérer la nature comme une matière première mise à leur disposition, un matériau qu’ils ont le droit de manipuler, transformer, violenter, exploiter à leur seul profit. Malheureusement, c’est précisément de cette prétention des humains à disposer à leur gré de la nature que viennent les problèmes écologiques qui menacent l’équilibre de la Terre et la paix de l’humanité. Les humains sont, de très loin, les plus dangereux prédateurs et destructeurs de la Terre.
Obéir à la nature ?
Pour remédier à cette folie d’une humanité qui se donne un pouvoir sans limites sur la nature, de nombreux penseurs nous invitent à prendre conscience d’un fait trop souvent oublié : l’homme lui-même fait partie de la nature. Il n’est pas au-dessus d’elle, mais il en dépend totalement et ne peut s’en affranchir sans se détruire. Là où la nature est malade, les humains souffrent et sontmenacés. C’est uniquement en se soumettant à ses lois, disent-ils, que les humains peuvent espérer continuer à vivre dans un monde équilibré, harmonieux, durable.
Autrement dit, nous ne pouvons pas considérer la nature comme une matière première exploitable à merci, mais comme le milieu qui nous permet de vivre, à condition que nous nous soumettions à ses lois. Il nous faut cesser de considérer la nature comme une esclave qui doit nous obéir, et accepter un renversement de perspective : nous devons nous soumettre à son autorité.
Diviniser la nature ?
Ce discours conduit à identifier la nature avec Dieu, ce qu’on appelle le panthéisme. Dans cette vision des choses, ce qui est divin, c’est la nature elle-même. Elle doit donc être pour nous un sujet d’émerveillement, une réalité que l'on ne peut qu’admirer mais aussi respecter. N’est-il pas merveilleux de penser que, malgré l’étonnante diversité des êtres vivants ou non, la nature fait régner une harmonie globale, dans laquelle chacun trouve sa place ?
Plutôt une impasse qu'une réponse
Dans cette conception, pour rétablir l’équilibre, l’harmonie entre les vivants, il faut refuser à l’humanité des droits supérieurs à ceux des autres créatures, et plus particulièrement ceux des animaux. Les mammifères, les oiseaux, les poissons, les insectes, les bactéries mêmes ont, tout autant que les humains, le droit à la vie et au respect. Puisque tous les vivants vont vers la mort, il n’y a pas lieu d’attacher plus d’importance à la disparition d’hommes et de femmes qu’à celle de poissons ou d’oiseaux. Certains vont même jusqu’à dire que la mortalité infantile, les guerres ou les massacres de populations comme il s’en est produit tout au long de l’histoire sont une bonne chose, puisque beaucoup de nos problèmes ont leur racine dans la surpopulation humaine. Si les humains étaient moins nombreux, les ressources naturelles suffiraient à les nourrir sans qu’il soit nécessaire de piller la planète pour les faire vivre.
La vraie solution
L’accusation de favoriser la destruction du milieu naturel portée contre la foi chrétienne néglige un aspect important de l’enseignement biblique.
En donnant à l’homme le mandat de dominer la création, le Dieu de la Bible ne lui signe pas un chèque en blanc. Il ne fait pas de lui le propriétaire de la terre, mais seulement son jardinier, son gérant. Or, ce qui caractérise un gérant, c’est qu’il est tenu pour responsable de ses actes. Il doit rendre des comptes. Les erreurs et les excès dont l’humanité se rend coupable dans la gestion de la nature ont leur source dans l’orgueil humain, qui refuse de se reconnaître responsable devant Dieu. Selon la Bible, son mandat est de cultiver, mais aussi de garder, de protéger la création. La conscience qu’ont les jardiniers que nous sommes de leur responsabilité devant Dieu est, pour la nature, la meilleure des protections.
La nature est-elle toujours une bonne mère ?
Observons que le cours naturel des choses ne va pas simplement vers la vie, mais bien souvent vers la mort. Alfred de Vigny, faisant parler la nature, ne disait-il pas : « On me dit une mère et je suis une tombe » ? La vie dans la nature est une lutte continuelle, dans laquelle seuls les plus forts survivent, échappent aux nombreux prédateurs qui s’efforcent de se nourrir des plus faibles. Et si les humains, qui sont, de par leurs capacités naturelles, parmi les animaux les plus mal armés pour lutter contre le froid, la maladie, la faim, les ennemis, n’ont pas disparu, c’est parce qu’ils sont parvenus, par l’usage de leur intelligence et de leurs techniques, non seulement à survivre, mais à être les plus forts dans la lutte pour la vie, donc à occuper une position dominante sur la terre.