Le Concordat napoléonien (1801) a inauguré une forme moderne et équilibrée de collaboration entre les pouvoirs publics et les cultes, qui s’est maintenue jusqu’à nos jours. En 1870, outre les catholiques et les protestants (depuis 1839), les cultes anglicans et israélites ont été reconnus, comme bien plus tard les musulmans (1974) et les orthodoxes (1985).
Particularité belge : depuis 2002, la laïcité organisée est reconnue au même titre que les cultes religieux. Les pouvoirs publics financent ses centres d’action laïc et l’État fédéral salarie des conseillers laïcs (mieux rémunérés que les prêtres ou les pasteurs). Ces dernières années, nos différents gouvernements saisissent chaque occasion (surtout les difficultés budgétaires) pour restreindre les connexions avec le monde religieux.
En Flandre, les émissions religieuses à la radio et à la télévision seront supprimées dès 2016. En communauté française, les deux heures de cours de religion dans les écoles seront réduites à une seule. L’autre sera remplacée par un cours de citoyenneté, dont seront exclus les professeurs de religion, considérés comme n’étant pas neutres. En pratique, on constate que la plupart des professeurs de « morale non confessionnelle » sont loin d’un esprit de neutralité : ils ne cessent d’argumenter contre la religion et de ridiculiser ceux qui y tiennent.
Le principe appréciable de la laïcité garantit tant la neutralité de l’action publique que la liberté des cultes, en rendant possible leur collaboration sur certains points. Dans les faits, le laïcisme prend sans le dire la place de la laïcité dans le but de faire advenir une société sans religion.
Évidemment, cette « laïcité organisée » se présente comme porteuse d’un message de tolérance et de pluralisme. En pratique, elle favorise une forme de pensée unique, s’avère fortement militante et profondément antireligieuse.
Et qui dira combien de temps il faut pour passer de l’intolérance à la persécution ?