Depuis plus de trente ans, Françoise Caron et son mari ont ouvert leurs bras à plus de 90 enfants ou adolescents pour un accueil permanent ou d’urgence à leur domicile ou dans le foyer pour adolescents en difficulté qu’ils ont fait construire. Mère d’une famille nombreuse, elle nous livre ici son itinéraire de résilience, un hymne à l’espérance.
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Quand on interroge jeunes et moins jeunes sur ce qui leur semble le plus important dans la vie, la famille remporte la première place. On la rêve idéale, on aurait aimé qu’elle soit différente, on désespère de n’avoir pu la fonder… Elle est à la fois source de grandes blessures et de grandes joies.
Une situation préoccupante
Même s’il reste le plus élevé d’Europe, le nombre des naissances diminue en France.
La présidente de l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF) s’en est inquiétée : « Ce sont des dizaines de milliers de familles qui voient leur désir d’enfant contrarié. Il faut redonner confiance aux familles ; cela passe par une relance de la politique familiale (…) Il est plus que jamais nécessaire de mieux connaître et faire connaître les réalités familiales. »
Un environnement difficile
Entre la fragilité du couple, les difficultés à s’engager, les problèmes du quotidien pour les parents solos, les familles recomposées, la peur de l’avenir, le choix d’une vie professionnelle ou sociale prenant le pas sur le désir d’enfant, la famille, socle de notre société a besoin de soins, d’accompagnement, de moyens pour ne pas se déliter au profit de l’individualisme.
Les liens qui unissent les membres d’une même famille sont fragiles mais ils sont indispensables pour la transmission des valeurs, pour l’éducation, la solidarité familiale.
La baisse de la fécondité est certainement le signal le plus fort envoyé à nos politiques. Elle leur rappelle qu’entre le désir d’enfant et la décision de le concevoir, il y a la conscience de pouvoir lui proposer une famille en capacité de lui offrir les meilleures conditions de vie.
Il faut réagir
La famille a manifestement manqué de valorisation. Si on la trouve parfois ringarde, à réinventer pour la recomposer au profit de désirs individuels, nous pensons au contraire que, bien qu’imparfaite, elle est le lieu le plus favorable à l’épanouissement, à l’échange, et au don. À ce titre, elle mérite l’engagement de la société civile afin d’être prise en compte dans sa globalité.
La croyante que je suis se souvient que Dieu lui-même se présente comme « un père pour les orphelins, un défenseur pour les veuves. Il donne une famille à ceux qui sont seuls ». On lit aussi dans la Bible : « La façon parfaite de pratiquer la religion, c’est de prendre soin des orphelins et des veuves dans leur malheur… »
Ouvrons donc nos cœurs, nos bras, et pourquoi pas nos maisons, en prenant soin les uns des autres au sein de notre propre famille, et en devenant « une famille de cœur » pour celles et ceux dont le parcours de vie les a privés de liens filiaux ou fraternels suffisamment solides pour être heureux.