On ne choisit pas ses frères, pas plus que ses soeurs.
Tout comme dans une famille, ils sont là. On prend ce qui vient. D’ailleurs on pourrait se demander à quoi ressemblerait le monde si l’on pouvait les choisir… probablement ennuyeux à mourir. Finalement, les choses sont bien faites.
« Tous les hommes sont frères » est une belle idée. Ça sonne bien, ça fait chaud au cœur, c’est rassurant. Mais sorti de là, qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que j’ai en commun avec un Masaï du Kenya, un trader de Wall Street ou un conducteur de pousse-pousse en Inde ? Comment sont-ils mes frères ?
Plus quelqu’un est éloigné de moi par sa situation géographique ou son statut social, plus il est facile de le concevoir « frère » d’une manière théorique et nébuleuse.
C’est quand mon frère est proche que les choses se corsent. Quand il envahit mon espace vital. Quand sa différence me dérange.
Mais avoir un frère n’a de sens que dans la mesure où je le côtoie, que je me frotte à lui, qu’on chemine ensemble, au moins un petit bout de route. Lorsque je permets à l’autre d’entrer dans mon territoire, de franchir la barrière que nous dressons tous, plus ou moins, autour de nous, lorsqu’il y a échange, là, la belle idée devient du concret.
Et c’est ce qu’il faut viser, pour que fraternité ne soit pas un vain mot.
Grégory Tharp