Les spécialistes de la question sont à peu près d’accord, les premières villes sont nées en des lieux privilégiés où, pensait-t-on, une communication pouvait exister avec le cosmos.On se dota alors d’un personnel spécialisé chargé d’obtenir la protection des dieux. La ville est bien née d’un phénomène de communication, comme le veulent toutes les théories les plus modernes, mais il s’agit d’une communication particulière, celle qui s’établit entre les mortels et le monde sacré avec lequel ils cherchent à se mettre en relation. À l’origine, on construisait les villes pour être les réceptacles de la vie des dieux sur la terre. Ils pouvaient ainsi s’y promener et y habiter. On bâtissait alors pour l’éternité. Pour ce faire, on se soumettait à une série de rites tout à fait religieux. Les textes abondent qui soulignent l’origine divine des villes, même si leur réalisation est l’œuvre des rois dont le rôle est justement de maintenir cette relation privilégiée entre le dieu et sa ville. Le chef politique est indispensable à la vie d’une communauté. Il s’identifiait lui-même au dieu. Pensez aux pharaons. Mais l’Égypte n’est pas seule en cause. Nous retrouvons ce même principe dans toutes les civilisations.
- Vous citez un certain nombre de grandes villes dites saintes : Thèbes, Lhassa, La Mecque, Bénarès, etc.
- Je n’ai pas de contre-exemple. Évidemment, très vite la division du travail joue. Ce rôle fondamental de la communication avec les dieux va s’accompagner d’activités qui assurent la prééminence de la ville sur la campagne, l’exploitation de la campagne par la ville, et la suprématie du prince. Celui-ci prend très rapidement la première place dévolue, à l’origine, au prêtre. Il n’en reste pas moins que la ville a été construite pour les dieux, et en fonction des représentations que l’on se donne du cosmos.