Ce matin, Marceau attend l’intervention du chirurgien, mais nous ne savons pas encore l’heure de celle-ci. Il faut se remettre dans le contexte de la crise sanitaire qui touche le monde, car tout est compliqué en raison du Covid-19. Contrairement à hier, Marceau est plus calme, plus rassuré. On voit bien dans son regard qu’il partira confiant affronter cette étape.
La veille au soir, Marceau me disait : « Papa, je ne veux pas me faire opérer. Je veux que tout cela se termine, je n’en peux plus. »
Savoir qu’on allait l’ouvrir, écarter ses côtes pour accéder au poumon l’angoissait. Lui aussi a fait l’expérience de l’abandon.
Stress et foi
En discutant tous les deux avant qu’il ne s’endorme, je lui ai expliqué comment parvenir à confier notre stress au Seigneur. En période normale, nous savons que nous pouvons réguler nos angoisses, mais dans ce cas-ci, nous pouvons développer des peurs imaginaires. On pense au pire et c’est très compliqué de se sentir dans ce schéma de pensée.
Michael J. Sullivan est professeur de psychologie à l’Université Mac Gill de Montréal. Il a bâti un questionnaire performant, fruit de ses recherches personnelles : « Pain Catastrophizing Scale(1) » (PCS).
Cet outil a été développé en 1995 dans un centre universitaire de recherche sur la douleur et le handicap. Il permet de faciliter la recherche sur les mécanismes par lesquels le catastrophisme a un impact sur l'expérience de la douleur.
Il est intéressant de placer notre angoisse liée à la douleur sur une échelle de catastrophe que l’on retrouve à la fin du document proposé dans les notes.
En réalité, nous trouvons souvent des situations pires que la nôtre. Le but de cette technique est de nous permettre d'analyser ce que nous devons faire pour gérer une situation donnée : appeler un ami, un proche, cheminer vers une attitude relaxante pour apaiser ce stress. Prendre le temps de bien analyser ce qui se passe en évitant de plonger dans les peurs imaginaires, c’est-à-dire de penser à une situation toujours pire.
Il faut se rendre compte que le stress n’ajoutera rien comme solution au problème. Accepter le chemin devant lequel on se trouve, c’est très difficile, cela nous impose de patienter et nous ne contrôlons rien dans ces instants. En réalité, nous n’avons pas le choix. Il faut subir. Je peux vous assurer que dans ce genre d’épreuve, la foi est un véritable atout.
Confier à Dieu nos craintes
Nous en remettre à Dieu, lui confier nos craintes, placer des mots sur ce qui ne nous rassure pas. Voilà comment nous avons cheminé la veille tous deux sur le plan spirituel.
J’ai conseillé à Marceau de parler au Seigneur comme on parle à un proche. Bien souvent, dans la prière, on tourne autour du pot. Je lui explique qu’il faut prendre le temps de discuter, mettre des mots sur ce qui nous fait peur.
Je me souviens de cette parole de Jésus :
« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m'en vais au Père ; et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai(2). »
C’est alors que s’est engagée une belle conversation en présence de Dieu dans la chambre. Rien de mystique dans tout cela, croyez-moi. Marceau a commencé par dire au Seigneur tout ce qui lui faisait peur dans les détails. Mettre des mots sur les maux soulage beaucoup, c’est libérateur. Nous avons pris l’engagement de témoigner de ce que Dieu aura fait pour lui. Il faut voir ici un ado en souffrance qui...