Si Jésus n’est pas né un 25 décembre, que reste-t-il de Noël ? Faut-il remiser le bœuf et l’âne, envoyer paître les bergers, décommander les mages en espérant qu’ils pourront se faire rembourser leurs cadeaux ? Doit-on laisser filer l’étoile, casser l’étable de la foi et abandonner la crèche au risque d’en faire un squat pour de drôles de bonshommes habillés tout de rouge qui remettent à la mode l’antique fête des lumières ?
La dure réalité nous fait oublier nos rêves d’enfance. À l’aurore du XXIème siècle voilà une paire de Noël qu’on nous laisse un drôle de paquet cadeau : un petit Jésus abandonné à la porte d’une église désaffectée. Nous aurait-on raconté des histoires à propos de la naissance de Jésus ?
Une vieille légende aujourd’hui reléguée au rayon des invendus par la société d'hyperconsommation ?
Il est né le divin enfant
Que Jésus soit né à un moment et à un endroit donnés, c’est une évidence. La venue au monde de Jésus fait Noël, pas l’inverse(1). Le 25 décembre n’est qu’une date anniversaire, comme peut l’être tout autre jour de l’année. Mais Noël, ce n’est plus un anniversaire, c’est une conviction(2). La naissance du Christ nous dit que Dieu s’inscrit pleinement dans l’histoire réelle et quotidienne des humains. Il vient dans un monde rempli de cris de souffrance, ceux d’une femme qui accouche, Marie. Il se jette la tête la première dans notre histoire couvert de sang et de liquide amniotique. Noël nous montre un petit être fragile et dépendant qui repose dans les bras d’un simple homme, Joseph. Deux illustres inconnus perdus au milieu de nul part, c’est la toute première Nativité. Une naissance qui fait briller une lumière dans les yeux de ceux qui en ont été témoins. Souvenir impérissable que Marie gardera dans son cœur(3). On est loin de la légende !
Dieu s’est fait petit d’homme
En théologie il est courant de dire que « Dieu s’est fait homme ». Les récits de la nativité(4) nous disent d’abord que « Dieu s’est fait petit d’homme ». C’est sans doute de là que Jésus tient son cœur d’enfant, ce penchant qu’il a toujours eu pour les petits(5). Plus grand, Jésus proposera aux hommes de vivre un véritable Noël en leur disant : « si vous ne changez pas pour devenir comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. Le plus grand dans le Royaume des cieux est celui qui s’abaisse et devient comme cet enfant »(6).
Noël n’est pas une invention, mais une invitation. Tout le monde peut vivre cette réalité dans sa vie même, quels que soient son histoire et ses origines. Les bergers, venus en voisins, étaient les exclus de la société de l’époque. Ils étaient considérés comme des parias, ils ont vu un Jésus qui est sur leur paille, comme eux. Plus tard les mages, venus de bien plus loin, véritables idolâtres astrologues ont lu dans les étoiles que le cours de l’histoire avait changé. Ils sont venus voir le petit enfant avant que ses compatriotes ne procèdent au massacre des innocents.
Point de départ
Noël, c’est le point de rencontre de l’éternité avec notre histoire. S’il fallait parler de légende, il s’agirait alors de celle qui accompagne nos cartes routières et nous permet d’interpréter les sigles qu’on y trouve. La nativité nous explique le plan de Dieu : Dieu s’est fait homme pour que les hommes puissent naître de nouveau.