Trois penseurs contemporains ont attaqué, à la fin du 19e siècle, la foi chrétienne dans ses fondements. On les a appelés les « maîtres du soupçon ». Marx critique la religion en tant qu’instrument de domination de classe, un produit du système capitaliste, une justification de l’oppression des prolétaires. Pour Freud, elle n’est qu’illusion, et Dieu une projection inconsciente de l’image du père. Nietzsche pour sa part y voit l’expression du ressentiment des faibles devant la « volonté de puissance » des forts. Une morale d’esclaves, ou, comme on dirait aujourd’hui, de loosers.
Il ne suffit pas de rétorquer que nos trois penseurs n’ont fait que dénoncer les dérives et autres trahisons du message de Jésus que le christianisme a pu connaître depuis 2000 ans. Jésus lui-même semble bien prêter le flanc à la dernière critique en affirmant à ses disciples que le plus grand, c’est celui qui se fait le dernier, le serviteur de tous (Jean 13). Il n’a pas fait que le dire, il l’a même vécu dans ce qui paraît être la faiblesse absolue pour un « Messie », roi-libérateur : la mort infamante sur une croix.
L’apôtre Paul, disciple du Christ, semble aussi donner raison à Nietzsche. Il avoue ...