Comme pour Jésus et Mahomet, l’enseignement du Bouddha n’a été qu’oral. Toutefois, dans le cas de Jésus et Mahomet, leurs disciples respectifs ont eu à cœur de transmettre rapidement par l’écrit l’enseignement qu’ils avaient reçu, quelques décennies après le départ du fondateur.
Les écrits du bouddhisme, quant à eux, n’apparaissent qu’au début de l’ère chrétienne soit plus de cinq cents ans après la disparition de Bouddha. Entre-temps, la transmission a été orale. Ce mode de transmission ne doit pas être systématiquement dénigré ; certaines cultures ont pu ainsi conserver des connaissances fiables au travers des siècles. Cependant, dans le cas du bouddhisme, la communauté a connu de nombreuses divisions donnant lieu à plusieurs courants avec des différences notables.
La grande distinction entre le bouddhisme du Hinayana et celui du Mahayana est déjà clairement établie à l’époque des premiers écrits. On trouve aujourd’hui plusieurs canons d’« écritures saintes » bouddhiques (en pali, en chinois, en tibétain…) correspondant à des écoles mais aussi à des lieux différents. On ne peut donc pas parler de religion du livre, puisqu’il n’existe pas un livre commun dont se réclameraient tous les bouddhistes. Certains sermons attribués au Bouddha par certains bouddhistes ne sont pas reconnus par les autres.
Devant une telle diversité, les peuples des religions du livre se demandent ce qui peut unir les bouddhistes. Quel point commun y a t-il entre le bouddhisme zen, le bouddhisme de la terre pure, le bouddhisme tibétain et le bouddhisme Theravâda de Ceylan ? Jean Hébert traducteur en français des essais sur le bouddhisme Zen de D.T. Suzuki écrira « Entre le Zen et le bouddhisme tibétain, la distance est aussi grande qu’entre le vaudou et le calvinisme »(1).
Les chrétiens réformés apprécieront la comparaison, mais on se demande alors ce qui peut unir ces différents courants. Jean Hébert nous rapporte la réponse d’un haut responsable d’une école Bouddhiste japonaise : « La bouddhéité et rien d’autre ». C’est donc l’expérience de Gautama et la possibilité de le suivre dans cette expérience qui unit entre eux les bouddhistes.
Au-delà de cette expérience, on doit pouvoir retrouver un fonds commun d’enseignement remontant au Bouddha-Gautama, mais on perçoit toute la difficulté qu’il y a pour ceux qui s’y attellent à discerner dans la masse des documents transmis l’enseignement d’origine. Selon les canons, l’ensemble des textes varie de plusieurs milliers de pages pour le canon pali –qui est le plus ancien et le plus court– à plusieurs centaines de milliers de pages –c’est le cas des canons sino-japonais et tibétain. Cela fait beaucoup devant les quelque 1.000 pages des bibles chrétiennes. Une lecture exhaustive des textes sacrés est donc réservée à une élite.