Comment réussir le vivre et le travailler ensemble dans une Église composée de personnes de différentes origines et cultures ? Comment faire fonctionner une équipe multiculturelle de responsables ? C’est bien possible, mais rien ne va de soi. Pour surmonter les clivages culturels qui font naître des frustrations, des divisions et des conflits, il faut combattre les complexes dans ce domaine-là.
Dans l’Église que je sers en tant que pasteur assistant, nous avons une équipe pastorale de quatre personnes : deux Français (continentaux) dont le Pasteur sénior qui a d’ailleurs exercé son ministère non seulement en France mais aussi au Gabon, au Maroc, et en Algérie, une Américaine, et moi-même, un Français d’origine antillaise (né en Martinique).
Fort de cette expérience, je propose dans ce chapitre quelques clés pour réussir une collaboration multiculturelle. Douze pistes à suivre pour cultiver un vrai vivre et travailler ensemble.
Être épanoui en Christ
Le plus important est d’être épanoui en Christ. La « culture minoritaire » dans les communautés d’immigrés entretient souvent des complexes. Le fait d’être épanoui soi-même, en Christ, est donc aussi important que le besoin d’être accueilli et accepté par l’autre culture. Cela permet d’éliminer d’éventuels sentiments d’infériorité qui empêcheraient de prendre pleinement sa place dans le ministère. Dans le cas d’un jeune pasteur stagiaire, c’est difficile à gérer pour son pasteur formateur. Car il lui faut toujours rassurer, encourager, soutenir, porter, cela finit par être lourd.
Cet épanouissement, c’est s’accepter soi-même, être en harmonie avec soi-même, sans vouloir « gommer » ses différences pour être « culturellement correct ». J’ai un accent antillais, eh bien je l’aurai toujours ! Je n’en ai pas honte ! Cela donne certes des constructions de la pensée qui sont liées à ma culture, mais c’est ainsi ! Rien non plus à protéger à tout prix (par peur de voir son identité disparaître, on en reparlera). Tout travail d’amélioration doit donc avoir pour seul objectif un meilleur service pour Dieu.
Amour fraternel
Dans le même sens, il y a aussi l’autre extrême qui consiste à vouloir à tout prix prouver ou se prouver quelque chose. Par exemple montrer ostensiblement qu’on fait des recherches et des études et qu’on connait bien la culture de l’autre. Tout cela n’est pas mauvais en soi, mais il n’y a pas d’examen d’intégration culturelle à réussir.
Nous devons tous être éprouvés c’est vrai, mais personne n’a rien à prouver.
« C’est de l’abondance du cœur que la bouche parle… » Comme dans tout ministère, nos actes et nos comportements dévoileront toujours le fond de notre cœur. Or c’est précisément notre cœur que les gens recherchent.
Dans la multiculturalité, le principe actif majeur, ne l’oublions pas, c’est l’amour fraternel. Ce qui facilite considérablement les choses. Certes, il y aura toujours ça et là, maladresses, petites incompréhensions, bévues, éclats de rires mal interprétés, d’autant plus dans une communauté composée de personnes de différentes origines culturelles. Mais l’amour persistant saura toujours les contrebalancer.
La nécessité d’être « guéri du passé »
Quand on ne connaît pas Christ, et qu’on a en mémoire un passé colonial douloureux, par exemple, il peut subsister une méfiance ancrée au plus profond de l’être. Ces chaînes sont souvent très difficiles à rompre.
Seule la nouvelle naissance, la confession et le pardon viennent à bout de cela, à condition d’avoir courageusement identifié ces traces du passé, ces méfiances et ces préjugés à l’égard de l’autre. Ensuite, il faut les dénoncer, clairement, en les livrant au Seigneur. « C’est pour la liberté que Christ vous a affranchis, dit l’apôtre Paul en Galates 5 ».
Gestion saine de l’autorité
Des plaies non guéries gêneront le stagiaire-pasteur, qui vivra sa dépendance de l’autorité du pasteur sénior comme...