Dans l’enseignement théologique, on distingue souvent la théologie pastorale ou pratique d’une part, et la missiologie d’autre part. Cette distinction est basée sur une répartition de tâches « intérieures » et « extérieures » de l’Église. Bien qu’utile dans l’organisation d’un cursus en faculté ou institut biblique, elle peut nourrir une compréhension trop « limitée » de la vie de l’Église en général, et du ministère pastoral en particulier.
La communauté de croyants est en soi une présence dans le monde qui « parle » de façon concrète du message dont elle est porteuse. Elle est en soi comme un village sur le sommet d’une colline – dont on a tant de beaux exemples dans le midi de la France – qui ne cache en rien son existence ni son fonctionnement, les rendant visibles de près comme de loin. Elle est lumière et sel. Sa présence est un message, ainsi qu’une influence. Ses rassemblements, ses cultes, le soutien que les fidèles se donnent mutuellement, l’écoute et la prière dans l’intimité du suivi pastoral, tout ce qui constitue sa vie et sa dynamique, sont à la fois un encouragement pour les croyants et un témoignage auprès de leur entourage.
L’Église ne devient pas missionnaire après avoir mis en place un cours Alpha ou des activités semblables, elle l’est déjà de par sa nature. Elle est fondée sur l’œuvre de Jésus Christ, le Fils de Dieu envoyé par le Père. Elle est née de l’envoi de l’Esprit par le Fils et le Père. Fruit de cette « mission de Dieu », elle est à son tour envoyée dans le monde – pour être un témoignage de la Parole incarnée, de la nouvelle vie donnée, et de la promesse d’un nouveau monde à venir.
À mon sens, notre « mission dans le monde » n’est pas quelque chose seulement à l’extérieur de la communauté ! Elle comprend également la communion fraternelle et la transformation de la vie de chaque croyant par la Parole et par le Saint Esprit. N’est-ce pas en tant que peuple de Dieu que nous sommes porteurs du message destiné jusqu’aux extrémités de la terre (cf. 1 Pierre 2.9-10) ? Construire l’Église, c’est à la fois développer son témoignage dans le monde. De ce point de vue, un ministère pastoral ou autre dans l’Église revêt d’une dimension missionnaire, apostolique. « Pasteur » Timothée fut chargé de faire l’œuvre d’un évangéliste. Tout responsable d’Église peut s’en inspirer pour garder un juste équilibre entre les tâches « intérieures » et « extérieures ».
C’est dans une telle vision large de l’Église et de ses ministères que s’inscrit le contenu de ce Cahier. Vous allez voir !
Evert Van de Poll