De nombreux chrétiens considèrent la ville comme un lieu de vie, de mouvement et de toutes sortes de possibles. Pour bien d’autres, c’est un lieu de mort, de danger et de péché. Pour les uns, la vie citadine est une bénédiction, pour les autres une malédiction. Ainsi, selon nos expériences de la ville, présentes ou passées, il est aisé de se concentrer sur l’un ou l’autre de ces deux pôles.
Mais qu’il serait malavisé de s’enfermer dans de telles perspectives et de tels regards limités sur la ville ! En effet, la ville est tout cela à la fois : lieu de bénédictions et de malédictions. Lieu de vie et lieu de mort. Et ce n’est pas juste une question de verre à moitié vide ou à moitié plein : la ville est bien tout cela à la fois… comme l’est d’ailleurs la ruralité !
Jésus fut très présent dans les villes, comme il le fut aussi dans les villages et les routes de campagne. Et, où qu’il se trouvât, il était au service de son Père et de celles et ceux qui se trouvaient autour de lui. Des hommes, des femmes, des enfants… avec leurs besoins, leurs fatigues, leurs péchés, leurs espérances et leurs rêves… L’humain est le même partout.
Pourtant, il est vrai que les contextes dans lesquels les hommes et les femmes évoluent ne sont pas les mêmes. La vie – comme le ministère – en ruralité comporte ses propres enjeux, défis et difficultés, bien différents de ceux qu’implique la vie citadine. Dans ce numéro des Cahiers de l’École pastorale, nous avons choisi de nous concentrer sur la présence chrétienne dans la cité, suite à une session particulièrement stimulante de l’École pastorale en mars 2019. Et comme la thématique de l’année 2019 pour la FEEBF est aussi « Une Église qui résonne dans la cité », nous ne pouvions laisser passer l’occasion d’approfondir le sujet pour nos lecteurs !
Lorsqu’à la fin de son ministère Jésus s’approcha de Jérusalem, les émotions l’envahirent, et il pleura :
« Quand, approchant, il vit la ville, il pleura sur elle en disant : Si toi aussi tu avais su, en ce jour, comment trouver la paix ! Mais maintenant cela t’est caché. Car des jours viendront sur toi où tes ennemis t’entoureront de palissades, t’encercleront et te presseront de toutes parts ; ils t’écraseront, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le temps de l’intervention divine. » (Luc 19.41-44).
Cette attitude, lucide et malheureuse pour Jérusalem, m’interpelle toujours. C’est parce qu’il connaît le cœur de ses habitants que Jésus pleure. C’est parce qu’il connaît l’avenir de celles et ceux qui n’ont ni yeux pour voir, ni oreilles pour entendre l’identité du Messie que Jésus pleure. Mais c’est aussi parce qu’il aime Jérusalem (et le peuple que cette ville représente) que Jésus pleure.
Chers amis, que la lecture de ces quelques pages d’apports théologiques, sociologiques et pratiques sur le ministère chrétien dans la cité nous aide à grandir dans notre amour pour la ville, un amour lucide et juste à l’image de Jésus. Oui, aimons la ville, pour que nous soyons dans ce contexte toujours plus fidèles dans notre annonce de l’Évangile qui libère, émancipe et sauve !
Nicolas FARELLY