En janvier 1527, Marguerite d‘Angoulême, avait épousé Henri d‘Albret, roi de Navarre. Princesse humaniste elle accueillit à la cour de Nérac de nombreux „mal sentans de la foy“. Elle protégea la Réforme dans ses Etats et offrit aux persécutés un asile dans ses châteaux de Pau et de Nérac. Son mari s‘opposa d‘abord à cette tolérance.
Leur fille Jeanne, nait à Saint-Germain-en-Laye, le 7 janvier 1528.
Marguerite, eut beaucoup à souffrir de ce côté-là. „Un jour“, raconte sa fille Jeanne, « il arriva que le roi, mon très honoré père, alors que la reine faisait, dans sa chambre, prière avec les pasteurs Roussel et Farel qui s‘esquivèrent aussitôt en grand émoi, lui bailla un soufflet sur la joue droite et me tança de verges en défendant âprement de ne se mêler de doctrine ».
Jeanne d’Albret (1528-1572), devient reine de Navarre en 1550 à la mort de son père. La « bonne Reine Jeanne », femme de tête et de cœur, attache son nom à la création d‘écoles, d‘hôpitaux. Elle encourage les arts. Elle réprime l‘ivrognerie, l‘usure et les jeux de hasard. Elle propage l‘esprit de tolérance. On lui doit un code de procédure qui passe pour un chef-d’œuvre de sagesse.
Le 25 décembre 1560, elle prend publiquement position pour la Réforme, en participant à la Cène de Noël. et prend pour devise : « Mon assurance en Dieu m‘affermit ». A ses frais elle rappelle une vingtaine de pasteurs béarnais pour prêcher dans la langue du pays.
Les Langues régionales
Jeanne d'Albret semble avoir eu un plan concerté de traduction. En 1571 est édité à La Rochelle, un Nouveau Testament en langue basque, traduit par le pasteur Jean Lissarrague (Ioannes Leiçarraga) et une équipe de pasteurs basques, à la demande de Jeanne d’Albret. Cette traduction constitue l’un des tout premiers écrits basques connus.
Jeanne d'Albret fait égalment traduire les Psaumes en béarnais et en gascon..
Ce qu’avaient fait jadis les vaudois en provençal, Jeanne d’Albret le fait donc en basque et en béarnais. Les Églises galloises qui connaîtront au 18ème siècle un Réveil accompagné d’un renouveau de la langue et de la littérature celtique, vont promouvoir à leur tour la traduction du Nouveau Testament en breton (Le Gonidec en 1827, Jenkins et Ricou en 1847), jusqu’à la traduction de toute la Bible par le breton Guillaume Le Coat (1883).