Dietrich Bonhoeffer est connu partout dans le monde à cause de sa participation à la résistance contre le nazisme.
" ll est le premier théologien protestant allemand à avoir vu, dès avril 1933, avant Barth et Niemöller, dans l’antisémitisme et la persécution des Juifs, l’enjeu crucial du combat de la vraie foi contre l’État nazi "
explique Henry Mottu, dans son ouvrage sur Bonhoeffer paru aux éditions du Cerf en 2002.
Immédiatement, Dietrich entre dans l’opposition. Le 21 septembre 1933, aux côtés de Niemöller, il contribue à la création de la Ligue de détresse des pasteurs, afin de venir en aide aux pasteurs persécutés par le régime et en particulier ceux d’origine juive. Il refuse un poste de pasteur en Prusse et accepte de partir pour Londres, dès 1933, comme pasteur de deux petites communautés allemandes. Il y approfondit ses liens avec le mouvement œcuménique et l’évêque Bell.
Il revient en Allemagne en 1935. A cette époque, il assure la direction du séminaire des jeunes pasteurs de l’Église confessante au séminaire de Zingst-Finkenwald, en Poméranie. Qualifiée d’"illégale"par le régime, elle est fermée en septembre 1937 par la Gestapo. Les séminaristes sont dispersés et Bonhoeffer se déplace pour les visiter et achever leur formation. Sur cette expérience, il rédigera un ouvrage "De la vie communautaire". Au moment de l’ouverture des Jeux Olympiques, il dénonce les lois antijuives de Nuremberg. En 1936, il lui est interdit d’enseigner à l’université de Berlin. En 1938, il ne doit plus résider à Berlin sauf pour raisons familiales.
En 1939, il part aux États-Unis pour y donner des conférences mais ne supporte pas d’être loin de son pays quand la guerre éclate ; c’est pourquoi il revient au plus vite. "Je dois rentrer pour partager les épreuves et la culpabilité de mon peuple". En septembre 1940, l’Office central de la sécurité du Reich lui interdit de prendre la parole en public et il doit signaler tous ses déplacements à la police.
Dès 1940, bien qu’Allemand, avec une minorité de compatriotes, Dietrich Bonhoeffer entre dans la résistance active, soutenu par l’ évêque anglais Bell rencontré pendant un séjour en Grande-Bretagne. Il est en lien également avec des membres du service de contre-espionnage dirigé par l’Amiral Canaris et le Général Oster.
Officiellement, D.Bonhoeffer est un agent de liaison à Munich, ce qui lui donne la possibilité de circuler dans les pays neutres et de prendre part clandestinement à une conspiration contre Hitler. Il sait sans doute beaucoup de choses comme notamment l’existence des camps de concentration, les déportations massives des juifs vers l’Est et leur élimination. Un "dangereux savoir" qui lui coûtera la vie car pour Hitler il fallait à tout prix empêcher ceux qui savaient de parler.
Le 5 avril 1943, il est arrêté par la Gestapo, et interné à la prison de Berlin-Tegel où il passera 18 mois. Fautes de preuves, il est relativement bien traité. Il peut lire la Bible, prier, étudier, écrire à ses proches et à son entourage. Sa correspondance a notamment fait l’objet d’un ouvrage intitulé "Résistance et Soumission".
L’attentat de von Stauffenberg contre Hitler le 20 juillet 1944 compromet les amis et le beau-frère de D.Bonhoeffer. Bonhoeffer est mis au secret à la prison de la Gestapo de la Prinz-Albrecht-Strasse. Il est ensuite emmené au camp de Buchenwald puis de Flossenbürg. Le 9 avril 1945, D.Bonhoeffer est condamné à mort par une cour martiale de S.S et pendu dans les bois de Flossenburg, en compagnie d’autres membres de la résistance, l’amiral Canaris et les généraux Oster et Sack. Son beau frère est assassiné le même jour au camp de Sachsenhausen ; son frère et un autre de ses beaux frères sont fusillés à Berlin le 23 avril. D.Bonhoeffer avait 39 ans.
Il laissera un dernier message à l’intention de l’évêque Bell : "Dites-lui que pour moi c’est la fin, mais aussi le commencement. Avec lui, je crois au principe de notre fraternité chrétienne universelle qui est au-dessus de toutes les haines nationales et que notre victoire est certaine."