Henry Pyt (1796 -1835) est né le 5 avril 1796.
Le pasteur Aimé Cadot a relaté dans ses "Notes et Récits" les début du Réveil de Nomain et la venue d’Henry Pyt qui va consolider l’œuvre.
LE VILLAGE DE NOMAIN et HENRY PYT (1796-1835)
« Le Livre des Actes, qui nous raconte comment l’Evangile fut porté en Chypre, en Phénicie, à Antioche, par ceux que la persécution avait chassés de Jérusalem, ne nous dit pas le nom de ces fidèles témoins du Sauveur. Tout pleins du feu sacré, ils s’appliquaient à éclairer leurs semblables, à prêcher la foi, à proclamer l’amour de Dieu, versant « l’huile et le vin » dans les plaies de l’âme, sans plus se soucier de la gloriole humaine que le bon Samaritain, le héros de la parabole qui réconforta, recueillit, soigné le malheureux abandonné, tout percé de coups sur la route. Il donna de son bien, en promit d’autre à l’hôtelier, mais ne laissa pas à celui-ci son nom, que Dieu seul connaît.
Ceux qui furent indirectement les premiers ouvriers de notre Mission baptiste sont également pour nous de chers anonymes. C’étaient aussi des étrangers, que sans doute nous aurions dédaignés et traités comme des Samaritains, si nous eussions été Juifs ; car les hommes qui ont apporté l’Evangile dans le Nord de notre pays étaient des soldats anglais.
Nous n’avons sur ce point que les vagues informations que nous a fournies autrefois le cher pasteur Crétin, qui était né à Orchies, tout près du lieu où l’œuvre baptiste commença. C’était, je crois, au village de Nomain.
Cela remonte aux jours qui suivirent la chute de Napoléon Ier. Le Nord de la France était envahi par les armées alliées, qui venaient de triompher, en Belgique, des derniers bataillons français. Notre pays s’était épuisé par plus de vingt ans de guerre. Des troupes anglaises étaient cantonnées près de la frontière, au village ci-dessus nommé. Elles logeaient chez les habitants.
Quelques-uns des envahisseurs britanniques craignaient Dieu. Ils avaient, par leur attitude, frappé l’esprit de leurs hôtes. Leur conduite, leurs chants religieux, leurs prières, faisaient impression sur les cœurs. L’un de ces militaires parlait sans doute un peu le français. Il expliqua sa foi évangélique aux paysans qui l’écoutaient, et comme la vraie piété, sainte et modeste, est toujours touchante et persuasive (quand elle se montre en actions, aussi bien qu’en paroles, surtout sous l’habit militaire), le soldat pieux, uni à ses camarades, devint l’instrument d’un réveil religieux.
Par suite des réunions évangéliques que ces prosélytes fidèles eurent entre eux, pendant les soirées d’hiver et les dimanches, leur foi s’affermit et leur nombre s’accrut, surtout après que la Société Evangélique, ayant entendu parler de ce petit groupe de croyants, qui venait d’abandonner l’Eglise romaine et ses erreurs, leur eut envoyé l’un de ses plus fidèles agents.
Ces premiers convertis n’étaient pas des croyants baptistes, et le cher pasteur qu’on leur donna, le vénéré Henry Pyt, homme plein de vie chrétienne et d’onction, ne l’était pas davantage. Il fut, croyons-nous, en grande édification à nos frères des environs d’Orchies. Il tenait des réunions dans diverses localités où, le dimanche, les frères l’accompagnaient. En outre de sa fidèle prédication, il faisait à nos frères de bonnes lectures sur divers sujets propres à accroître leurs lumières, à affermir leur foi, à développer leur vie religieuse. C’était probablement vers 1818 que ces choses se passaient.
Or, un soir, le bon pasteur Pyt avait tenu une réunion en vue d’intéresser son petit troupeau à l’œuvre des missions. La lecture avait porté sur les encouragements extraordinaires que Dieu accordait, à cette époque, aux travaux de notre grand Missionnaire, William Carey, et de ses collaborateurs. Le récit qu’avait lu M. Pyt fit une telle impression sur ses auditeurs, qu’ils lui demandèrent ce qu’étaient, ce que croyaient ou ce qu’enseignaient les chrétiens, qui portaient le surnom du Précurseur de Jésus, et dont Dieu bénissait si grandement les travaux parmi les païens.
M. Henri Pyt dut leur répondre que les Baptistes sont des croyants qui prennent la Très Sainte Parole de Dieu pour base, sans y rien ajouter et sans y rien retrancher ; qui, par conséquent, répudient toutes les soustractions et les additions que les prêtres catholiques y ont apportées, et que par suite, les Baptistes laissent de côté, toutes les pratiques religieuses qui n’ont été enseignées ni par Jésus ni par ses apôtres.
Nous ne savons s’il leur dit que les Baptistes s’appliquent à interpréter l’Evangile, d’après le sens que les premiers envoyés de Sauveur y ont donné dans leur prédication, et par leur façon de faire ; que les Baptistes prêchent à tous la repentance et proclament la foi en Jésus, Fils de Dieu et Sauveur ; qu’en outre, ils demandent de chacun la foi personnelle, ne confèrent le baptême qu’aux croyants qui font profession de se reposer sur Jésus, et ne l’administrent que par immersion, comme le faisaient Jean-Baptiste et les Apôtres…
Ce que venait de dire le cher pasteur Pyt, concernant les Baptistes, fit une grande impression sur ces néophytes récemment sortis de Rome, et qui ne voulaient rien garder des fausses doctrines du Pape. Ils en parlèrent entre eux, examinèrent avec soin la parole de vérité, touchant le devoir d’être baptisé, et la façon dont on doit l’être. – Ensuite, ils s’en ouvrirent à leur pasteur, et un dimanche matin, comme ils s’en allaient avec lui tenir une réunion dans une localité voisine, en arrivant à l’étang, ou en face de la rivière qu’ils allaient passer, ils lui renouvelèrent leur demande et dirent au pasteur Pyt, comme l’eunuque à Philippe : « Voici de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que nous ne soyons baptisés ? » - il ne les baptisa pas, mais nos frères gardèrent, sur ce point, leurs convictions puisées dans l’Evangile.
Plus tard, un fidèle agent de la Société Missionnaire Américaine, envoyé en France, ayant sans doute entendu parler de nos frères du Nord, que le pasteur Pyt avait dû quitter, nous ne savons pourquoi, vint s’établir à Douai, baptisa ces convertis et choisit parmi eux des colporteurs, pour essayer d’étendre l’œuvre. Ensuite, un autre missionnaire américain vint se joindre au premier, qui bientôt après quitta la France. Le premier s’appelait Wilmarth.
Le nouveau venu, homme de grand savoir, nommé Erastus Willard, prit auprès de lui, d’entre les néophytes, des jeunes gens pour les instruire et les placer ensuite, comme pasteurs, sur les petits groupes du Nord, de l’Aisne et de l’Oise. Nous parlerons plus loin de ces fidèles serviteurs de Dieu. Auparavant, nous devons dire quelques mots d’une chère sœur qui les avait précédés dans l’Aisne et dans l’Oise, laquelle n’était pas non plus baptiste de naissance, mais qui le devint, après avoir mieux compris la Parole de Dieu.