5 août 1770. Le Protestantisme et la protection des animaux
Dans la Contre-Réforme catholique initiée par le concile de Trente, les virulentes critiques des protestants à propos d'épisodes trop déformés de la vie du Christ (comme la nativité avec le boeuf et l'âne) ou des vies des saints (souvent aidés par des bêtes, notamment celle de François d'Assise entouré d'animaux à qui il prêche, qu'il protège et qui l'assistent) incitent en fait les catholiques à expurger leurs lieux de culte, iconographie et sermons des images et histoires où les animaux participent au sacré.
Par une démarche centrée sur la Bible et la rencontre personnelle avec le Christ, le protestantisme est alors le fer de lance d'un rejet de l'animal hors du champ religieux.
Cependant, une évolution contraire se dessine aux 17e -18e siècles, d’abord en Angleterre. Elle est initiée par des membres de groupes protestants minoritaires, donc souvent en rupture avec les conceptions dominantes. Des puritains, des quakers, des évangéliques, retrouvent dans l’Ancien Testament les versets favorables aux animaux. Ils ont exprimé le point de vue théologique selon lequel la maltraitance des animaux était un péché, liant ce point de vue à des passages bibliques dénonçant la cruauté (par exemple,
Proverbes 12. 10 ;
Nombres 22. 21-34)
Deutéronome 25. 4 : «Tu ne muselleras pas le boeuf quand il foule le grain». Ce qui signifie qu’il a droit à sa part du produit transformé.
Deutéronome 22. 10 : «Tu ne laboureras pas avec un boeuf et un âne ensemble», manière de protéger l’animal de trait le plus faible.
Il y a une éthique animale très concrète dans la Bible. Les auteurs bibliques prônent le respect de l’animal pour lui-même. C’est remarquable. A l’époque, on est plutôt dans un contexte de faim et de famine, et non de surabondance.
D’autres passages du NT
Notamment ceux qui parlent de miséricorde (Matthieu 5 : 7), avec le motif que les créatures non humaines ont la capacité de ressentir la douleur.
Ces voix affirment que Dieu s’intéresse aussi à eux, qu’ils doivent être respectées et qu’il faut combattre les cruautés, signes d'une tyrannie injuste des humains.
Les représentants de ce point de vue comprennent les prédicateurs du 18e siècle John Wesley, Augustus Montagu Toplady, James Granger et Humphry Primatt.
Le mouvement pour l'abolition de l'esclavage et celui pour l'amélioration des conditions de vie et de travail des plus démunis coïncident. En Angleterre, les pionniers du mouvement chrétien pour la protection des animaux étaient souvent aussi des antiesclavagistes de premier plan et des défenseurs des prolétariats, William Wilberforce (1759-1833), Lord Shaftesbury (1801-1885).
Le premier sermon connu des temps modernes en faveur de la protection animale a été prononcé en 1773, en Angleterre, par James Granger, curé anglican de Shiplake (Oxfordshire). Ce sermon a provoqué une controverse au niveau national. James Granger racontait que plusieurs de ses auditeurs l'avaient considéré comme fou. IL fut condamner à la prison pour avpir prêcher à deux reprises à l’encontre de la cruauté envers les animaux ;
En 1824, toujours en Angleterre, un autre pasteur anglican, Arthur Broom, a été le cofondateur et premier secrétaire de la SPCA (Society for the Prevention of Cruelty to Animals), la première organisation nationale de protection animale du monde qui, avec le temps, est devenue la célèbre RSPCA (Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals). Arthur Broom a dépensé tout son argent pour les besoins de l'organisation et a été emprisonné pour dettes. Quelques défenseurs des animaux se sont cotisés pour le faire sortir de prison.
La société a été fondée afin de protéger les chevaux d'attelage contre les abus. Avant l'arrivée de l'automobile, les cochers utilisaient souvent les chevaux avec peu de nourriture, de repos ou d'eau et dans des conditions particulièrement difficiles (grands froids ou vagues de chaleur). La SPCA a permis d'adopter des lois qui régulaient l'utilisation des chevaux d'attelage. Elle s'élargit dans divers pays au 19e siècle notamment en France en 1845.
La Société protectrice des animaux est ainsi créée le 2 décembre 1845. Le docteur Étienne Pariset.(né le 5 août 1770 à Grand, 1847), médecin à l’hôpital de la Salpêtrière en est le premier président.