Eugène Burnand (1850-1921), a eu un atelier au 4 rue Legendre (Paris, 17ème). Ce peintre suisse est mort à Paris le 4 février 1921, à son domicile parisien du 48 rue Pergolèse où il habitait depuis 1885. Peu auparavant, le 25 octobre 1919 son atelier de la rue d'Assas avait été ravagé par un incendie, détruisant plusieurs de ses œuvres.
L’oeuvre
Eugène Burnand (1850-1921) a été une figure majeure de l'art naturaliste (de 1865 au début de la Première Guerre mondiale). Burnand, en fait, est proche de la manière sereine et inspirée d'un Millet célébrant le labeur paysan et la rectitude des braves gens. Mais son militantisme protestant, tout imprégné des préceptes de l'Eglise Évangélique libre vaudoise, va lui valoir le reproche, très partial, de pratiquer finalement un art religieux. La seconde partie de sa carrière artistique s'oriente d'ailleurs vers l'art religieux.
Dans ce domaine, Burnand a notamment exécuté, avec un succès critique et financier très inégal, divers projets d’illustrations de la Bible, du Voyage du pèlerin de Bunyan, des Petites Fleurs de saint François d’Assise et surtout des Paraboles (1908).
Burnand défend dès 1896 un art évangélique, protestant et réaliste, ennemi du surnaturel. Pour lui, Jésus ayant vécu historiquement parmi les hommes, il ne peut aller chercher les modèles du Christ et de ses apôtres que dans la rue ou dans son entourage. Ce qui colle parfaitement avec sa thèse de
«l'artiste [qui] ne peut peindre que ce qu'il voit".
Mais ce serait oublier que la production de Burnand a différentes facettes : sa spécialité en art animalier, les scènes de genre rurales, la peinture de paysage, le portrait, puis la peinture d'histoire et l'art religieux, ainsi que ses dessins avec lesquels il s'est notamment distingué dans l'illustration de presse et éditoriale, lors de ses débuts à Paris.
Voir l'oeuvre
-Il existe un Musée Eugène-Burnand à Moudon.
-Son tableau le plus célèbre se trouve au Musée d’Orsay :
"Les disciples Pierre et Jean courant au sépulcre le matin de la Résurrection" (1898).
Sur un fond de collines rocheuses dont le ciel reprend les tonalités en plus clair, deux personnages, un jeune homme, mains serrées devant le col de son vêtement blanc, et un homme plus âgé, barbu, une main retenant sa cape sombre et l’autre semblant lancer un geste d’alerte, se hâtent vers un but inconnu. Le rapport entre la scène évoquée et le passage biblique auquel elle renvoie, Jean 20. 3‑4a : « Pierre sortit, ainsi que l’autre disciple, et ils allèrent au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre… ».
Coopération et émulation : le tableau montre les deux aspects de cette course. Les deux personnages appartiennent à une galerie de portraits dont le peintre est familier :
-son fils Franz d’une part — voir « Portrait du jeune B. » (1896) —,
-et le jeune homme nommé « Plein d’espoir » dans un projet d’illustration de 1897. Ce même projet montre aussi un géant barbu aux yeux exorbités nommé « Désespoir ». Les deux personnages, le jeune et le vieux, se retrouvent encore ensemble dans une lithographie de 1907, une affiche pour la santé publique de la Croix bleue, intitulée « L’alcool tue « .
Le protestant Burnand alignent les personnages sur un plan horizontal défait par là-même la propension catholique à accorder à la figure pétrinienne la primauté pontificale.
Burnand oriente la course vers la gauche — à contresens du mouvement de l’écriture (en Occident) —, contrecourant qui renforce le sentiment d’effort face à quelque adversité.
Mais les deux figures se détachent grandeur nature devant un paysage capté dans sa lumière matinale. Le texte de Marc précise d'ailleurs : « De grand matin, premier jour de la semaine, comme le soleil se lève… » (Marc 16. 3). Quand un auteur comme l'évangéliste Marc semble compter ses mots pour relater un événement –tant il est concis-, une telle redondance est impressionnante. Trois expressions pour signaler juste une heure de la journée ! Mais en fait, Marc indique qu’après les ténèbres, le soir, la nuit, la mort, voilà enfin un vrai nouveau jour qui sonne comme un nouveau commencement, tout illuminé d’espoir. Et effectivement les deux disciples sont saisis à mi-corps, tendus vers une vision qui dépasse le cadre de la toile, mais qui se lit dans leurs physionomies, jeune et vieille, comme le reflet du miracle de cette aube nouvelle :
« Je me lève à l’aube afin d’étudier dans l’oeil brillant de mon modèle le reflet ardent du soleil qui pointe à l’horizon », a précisé Burnand.