Adolphe Monod et le cantique "Que ne puis-je, ô mon Dieu")
Adolphe Monod (1802-1856) était sans aucun doute le prédicateur le plus important en France au 19e siècle. D’une certaine façon, c’était l’équivalent de C.H. Spurgeon en France, ayant des dons semblables aux siens, sinon sur une scène plus réduite.
Il tomba gravement malade en 1855. Il monte en chaire pour la dernière fois le 27 mai 1855. La maladie mit un terme à son ministère public. Mais en privé, il réunit chaque dimanche pendant six mois, sa famille et quelques amis intimes autour de son lit pour leur adresser de brefs sermons sur des sujets divers. Ils furent recueillis dans le recueil « Les Adieux », son œuvre la plus connue. La lutte de la foi contre la souffrance forme l’arrière plan de ce recueil. C’est un ouvrage toujours réédité et profitable çà la lecture. Nous avons plusieurs exemplaires dans notre bibliothèque.
Il s’était converti en 1830. Tout était changé en lui. « J’ai été jusqu’ici au centre de toute ma pensée. Je voulais vivre la religion selon mes propres termes… pour mon propre bonheur, mais je sais maintenant que la paix ne vient que de Dieu et que cela suffit ». Sa conversion était le début d’une vie vouée à défendre la théologie évangélique.
Il écrivit trois ans plus tard ce cantique de louange (le seul que nous ayons de lui) à la demande de Madame Lutheroth pour le recueil « Chants chrétiens (N° 102). En voici le texte original complet de sept strophes (en italique le texte du chant repris par les Ailes de la foi) :
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Que ne puis-je, ô mon Dieu (SAF 48)
Que ne puis-je, ô mon Dieu, Dieu de ma délivrance ! Remplir de ta louange et la terre et les cieux ; Les prendre pour témoins de ma reconnaissance, Et dire au monde entier combien je suis heureux !
Heureux quand je t’écoute, et que cette parole Qui dit « Soit la lumière !» et la lumière fut, S’abaisse jusqu’à moi, m’instruit et me console, Et me dit : « c’est ici le chemin du salut !».
Heureux quand je te parle, et que de ma poussière, Je fais monter vers Toi mon hommage ou mon vœu, Avec la liberté d'un fils devant son père, Et le saint tremblement d'un pécheur devant Dieu !
Heureux, lorsqu’en ton jour, ce jour, qui vit éclore Ton œuvre du néant et ton Fils du tombeau, Vient m’ouvrir les parvis où ton peuple t’adore, Et de mon zèle éteint rallumer le flambeau !
Heureux quand sous les coups de ta verge fidèle, Avec amour battu, je souffre avec amour ; Pleurant, mais sans douter de ta main paternelle ; Pleurant, mais sous la croix ; pleurant, mais pour un jour !
Heureux, lorsque, assailli par l'ange de la chute, Prenant la Croix pour arme et l'Agneau pour Sauveur Je triomphe à genoux, et sors de cette lutte, Vainqueur, mais tout meurtri ; tout meurtri, mais vainqueur !
Heureux, toujours heureux ! J'ai le Dieu fort pour Père, Pour Frère, Jésus-Christ, pour conseil, l'Esprit-Saint ! Que peut ôter l'Enfer, que peut donner la terre, À qui jouit du ciel et du Dieu trois fois Saint ?