Les gravures d’Abraham Bosse (1604-1676) ont servi d’illustration pour les manuels d’histoire de France pendant tout le 20ème siècle et elles sont très célèbres, même si le nom de leur auteur est souvent oublié.
« La Bénédiction de la Table », est une des grandes estampes d’Abraham Bosse.
La pièce est largement ouverte sur l’extérieur. L’atmosphère recueillie. Une seule décoration : sur le mur du fond, les "Tables de la Loi", retranscrites d’après le texte de la Bible selon la tradition protestante. On peut lire "Exode XX" il s’agit des Dix Commandements que Dieu a donnés à son peuple sur le mont Sinaï (Exode 20. 1-17).
La table familiale réunit toute la famille. Au milieu de la salle un homme âgé est en costume à l’ancienne mode (un pasteur à moins que ce ne soit le grand-père). Sa robe et son mantelet sont noirs, son large col blanc est rabattu sans dentelle. Il joint les mains. Une femme âgée est à sa gauche, un homme jeune à sa droite, sans doute son fils, une femme jeune au bout de la table, pour se lever plus facilement, sept enfants de divers âges, sont assis tout autour. Deux autres personnages, les mains jointes aussi, dont l’un est un tout jeune enfant en collerette et robe longue, et l’autre, peut-être un petit domestique.
L’artiste, père lui-même d’une nombreuse famille, nous a transmis une des formules rimées en usage pour la bénédiction de la table :
Grâce et honneur à Dieu rendons de franc courage,
Qui, bénin, nous fait être son héritage,
Qui ces biens bénissant nous repaît et nourrit.
Au Père comme au fils soit gloire au Saint-Esprit.
La prière avant le repas est un des fondements de la piété familiale. Calvin disait dans un commentaire biblique (1 Timothée 4.5) :
« Les hommes vivent comme des bêtes, lorsqu’ils se mettent à table sans prier Dieu, et lorsqu’étant souls, ils s’en vont ailleurs sans se souvenir aucunement de Dieu pour lui rendre grâces ».
Le texte dans la partie inférieure reproduit 20 vers sur 5 colonnes (dont la Bénédiction déjà citée) :
Le Père :
Chers enfants ayez soin de bien vous conformer,
Au saint vouloir de Dieu en bannissant le vice,
Et de ses mandements toujours vous informer,
Il vous rendra idoine et propre à son service.
Chère épouse tâchez de bien orner vos filles,
De chasteté surtout, puis de vertus utiles.
Leur col entortillé de pure sainteté,
(con)Duisez-les au travail fuyant l’oisiveté.
La Mère :
Enfants soyez recors des dits de votre père,
Fille ne méprisez la voix de votre mère.
Joignez-vous à celui qui de rien vous a fait,
Lui rendant de franc cœur grâces des bienfaits.
Les enfants :
Vivons ensemblement d’une sainte concorde,
Et qu’un chacun de nous les paroles recorde,
De nos progéniteurs nous instruisant à Dieu,
Afin que dans nos cœurs son Esprit trouve lieu.