27 juillet 1603. La poule de Merlin

publié le 27 August 2023 à 02h01 par José LONCKE

27 juillet 1603. La poule de Merlin

Pierre Merlin (vers 1535-1603), est un pasteur protestant français.

Pierre Merlin dit, l’Esperandieu était issu d’une famille protestante du Dauphiné. Il est le fils d’un pasteur connu, Jean-Raimond Merlin (1510-1578), né à Romans-sur-Isère vers 1510 et qui professa l’hébreu en Suisse où il se maria, “après avoir rompu ses vœux, avec une religieuse défroquée”.

Il en eut un fils nommé Pierre, né vers 1535. Pierre Merlin commente la Bible à cinq ans !

Il fit ses études à Genève auprès de Jean Calvin et Théodore de Bèze. Il fut l’un des nombreux pasteur formés à Genève en vue d’aller en France pour y organiser les églises réformées.

L’amiral Coligny ayant demandé à Genève un pasteur de talent pour se l’attacher comme chapellin, on lui envoya Pierre Merlin.

Arrivé en 1567, Merlin fut chargé de missions importantes : il assista au Colloque de Poissy, prêcha à la cour, se rendit en Béarn auprès de Jeanne d’Albret. Il passa un moment à La Rochelle, en 1570-1571. Il revint auprès de Coligny, et suit l’amiral à Paris. Il reste auprès de lui jusqu’à ses derniers moments lors de la Saint-Barthélemy.

L’amiral lui ordonna de faire une dernière prière, et lui en invoquant ardemment « Jésus-Christ son Dieu et Sauveur » recommanda son esprit entre ses mains. L’amiral dit alors : « Il y a long temps que je me suis disposé à mourir. Vous autres, sauvez-vous, s’il est possible, car vous ne sauriez garantir ma vie Je recommande mon âme à la miséricorde de Dieu ».

 Merlin essaya de suivre ceux qui s’échappaient par une fenêtre qui donnait sur les toits. Mais ne pouvant les suivre à cause de sa mauvaise vue, il passa trois jours et demi dans un grenier à foin, entre, entre le mur et le tas, couvert de foin qu’il avait entraîné dans sa chute. D’Aubigné raconte dans son Histoire Universelle (VI, 4) qu’il « fut mort de faim, sans une poule qui en ce temps vint lui pondre « trois œufs dans la main.

Le même auteur fait allusion à cet évènement singulier dans le chapitre 5 des Tragiques (chapitre V vers 1175-1182) Il fait référence à Achab, roi d’Israël, qui poursuivit de sa colère le prophète Elie et l’obligea à se cacher près du torrent du Kerith, où il fut nourri par les corbeaux (1 Rois 17. 1-6)

« Voici, de peur d’Achab, un prophète caché

En un lieu hors d’accès, en vain trois jours cherché.

Une poule le trouve, et sans faillir prend cure

De pondre dans sa main trois jours sa nourriture.

O chrétiens fugitifs, redoutez-vous la faim ?

Le pain est don de Dieu, qui sait nourrir sans pain :

Sa main dépêchera commissaires de vie,

La poule de Merlin ou les corbeaux d’Elie. »

Étant sorti de sa cachette, il trouva asile à l’hôtel de Renée de France, rue Séguier (ancienne rue Pavée).
Au milieu de la rue existait l’hôtel de Nemours-Savoie. Il s’étendait jusqu’aux 5-7 de la rue des G-Augustins, la  rue de Savoie étant construite au travers de l’hôtel, avec ruelle d’accès par la Seine.
L’hôtel 
fêtait habité par la duchesse de Ferrare Renée de France, fille de Louis XII et d‘Anne de Bretagne, élevée par Madame de Soubise qui amena la jeune princesse à partager ses idées évangéliques fut mariée au  duc de Ferrare. Sa cour fut l‘asile des protestants italiens persécutés malgré les rigueurs de son mari. Revenue en France à la mort de celui-ci,  elle fit de son château „L‘Hôtel-Dieu des pauvres persécutés“.

Le jour de la Saint-Barthélemy, plusieurs personnes se réfugièrent « chez la duchesse de Ferrare :
-Louise de Coligny qui réussit à s'échapper par les toits 
-la femme du pasteur Merlin puis Merlin.
-la fille du chancelier Michel de L’Hospital.

La Duchesse les emmena dans un carrosse fermé dans son fief de Montargis. De là, il put s’enfuir à Genève. Il resta quelque temps en Suisse avant de suivre en Bretagne le jeune comte de Laval. Les deux éditions de ses Sermons sur le livre d'Esther 1591 et 1593) sont signées Pierre Merlin, ministre de la parole de Dieu en l'église de Laval.

L’Église de Vitré l’attendait. Il fut le plus éminent des pasteurs de Vitré.

Pierre Merlin est bientôt reconnu comme une personnalité religieuse de premier plan. Il préside le synode national de Sainte-Foy dès 1578 puis celui de Vitré en 1583.

Mais de nouveaux orages menaçaient les Églises bretonnes. Le ralliement à la Ligue du duc de Mercoeur, gouverneur à Nantes, ouvrait pour elles une longue période de persécutions. Pierre Merlin, sentant la fragilité de son asile vitréen, chercha un temps refuge à Guernesey d’où il ne revint qu’en 1590.

Le pasteur, désormais très âgé, poursuivit son ministère à la tête de la communauté protestante de Vitré. Le 27 juillet 1603 décéda, à Saumur, frappé d'’apoplexie en descendant de chaire. S

Chose rare, et qui plus est dans une cité qui avait souffert de graves troubles militaires, la population de Vitré se montra unanime pour l’honorer et louer en particulier sa modération.

Postérité

Il eut de son mariage avec Françoise de Meslay un fils unique, Jacques Merlin (1566-1620), qui poursuivit avec bonheur la tradition pastorale familiale.

Jacques Merlin naquit à Alençon le 5 février 1566.

Après avoir échappé au massacre de  la Saint-Barthélemy, à Paris, grâce à une vieille femme qui le prit chez elle, et avoir passé quelques années à Guernesey, il alla étudier en Suisse et en Angleterre.

Il débarqua, âgé de vingt-quatre ans à La Rochelle, en 1580, pour y exercer la charge de pasteur.

Il publia deux de des ouvrages de son père après la mort de ce dernier (une exposition des Dix-Commandements, un commentaire en latin du livre de Job).

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