Le latin natalis (dies), le jour natal, jour de naissance, devient (le jour de) Noël, comme patella a donné la poêle (et... la paella en espagnol).
La fête de Noël est le jour où Dieu s’est révélé en Jésus-Christ comme le Père miséricordieux qui a tant aimé le monde que, pour le sauver, il lui a donné son Fils unique.
Pour tous les chrétiens, ce jour-là est vécu comme :
-un jour de joie. Joie de l’amour incomparable de Dieu.
-un jour d’adoration. Adoration du mystère de la venue du Fils de Dieu par les hommes.
-et un jour d’espérance. Car au sein même de l’obscurité où elle est plongée, l’humanité reprend espérance en contemplant le Sauveur qui est venu pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres de l’ombre de la mort.
Cette bonne nouvelle de Noël demeure, quelles que soient les circonstances. Elle seule importe, et sa lumière brille d’un éclat ‘autant plus vif que les réjouissances familiales ou autres sont réduites à une juste dimension.
Un peu d’histoire
La fête de Noël date de la fin du 3ème siècle ou du début du 4ème. Un document de l’an 336 témoigne qu’à cette époque elle était déjà en tête de l’année liturgique. Elle se répandit rapidement dans toute la chrétienté au cours du 4ème siècle.
A son origine, il y aurait les calculs des chronologues de l’époque qui fixaient la conception du Sauveur au 25 mars d’où le choix du 25 décembre pour la naissance. Ce 25 mars vient-il d’une spéculation sur les données fournies par les évangiles ? Dans la culture grecque il était courant de dire que les grands hommes mourraient le jour de leur conception : et comme il est indéniable que Jésus serait mort autour du 25 mars…
Il est probable aussi que la coïncidence avec le solstice d’hiver n’est pas fortuite : on était heureux de célébrer la naissance du Sauveur à une époque où tous les hommes l’antiquité se réjouissaient parce que les jours recommençaient à croître. Si Noël tombe le 25 décembre et non le 21, jour du solstice d’hiver c’est que le calendrier Julien fixait à l’époque le solstice au 25 décembre.
D’autre part, la fête de Mithra, « le Soleil invincible » avait lieu ce jour-là. On trouva naturel, puisque par ailleurs les calculateurs chrétiens étaient arrivés à cette date déjà d’une autre façon, d’opposer à la fête païenne, une solennité chrétienne, à la gloire de Celui que le prophète Malachie appelle « le Soleil de justice » et Zacharie « le Soleil levant » et qu’Esaïe annonçait en ces termes :
"Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (9 : 1)"
Les chrétiens en célébrant au solstice d’hiver la naissance de Jésus, n’entendaient pas fixer le jour historique de la naissance du Christ. En fait, ils entendaient ne pas laisser aux païens une aussi belle fête ! N’est-ce pas le Christ qui est la véritable lumière dans ce monde de ténèbres, le véritable « Soleil levant » annoncé comme tel dans toute la Bible.
L’essentiel
Peu importe la date de la naissance du Christ. Il est né ! Cette date fixée depuis 16 siècles a le mérite de rappeler que le Christ est un personnage historique, un homme avec une date de naissance, comme « Monsieur tout le monde ». Le 25 décembre, tout symbolique qu’il soit nous rappelle que notre salut et datable, que Dieu lui-même a pris date, retenu un moment précis, une époque déterminée de notre histoire.
Le salut est d’abord un fait ! Célébrer le 25 décembre c’est dire que Dieu est vraiment devenu homme, que notre salut a eu lieu ici-bas. Cela, face à la tendance que nous avons tous :faire du salut un système d’idées abstraites pleines d’intellectualismes et de mythes.
D’autre part, si les évangiles ne nous renseignent pas sur la place exacte de la naissance du Christ c’est qu’ils désirent que l’attention se concentre sur la personne de Jésus, la signification de ses paroles et le sens de son action : le sacrifice de la croix.
Malheureusement aujourd’hui comme hier, leur volonté est souvent trahie. Or, l’essentiel c’est que le Christ n’est pas qu’une date de naissance à vénérer. C’est le Fils de Dieu venu nous parler de Dieu avec autorité. Il a souffert. Il est mort à notre place, il est revenu à la vie on peut le rencontrer aujourd’hui et cette rencontre sera comme un nouveau départ, une aventure formidable avec Dieu, avec de nouveaux horizons, une nouvelle façon de vivre, une nouvelle mentalité. En fait, c’est une nouvelle naissance qui nous est proposée.
Une citation :
« Jamais rien aussi digne d’admiration n’avait eu lieu dans la Création. Le monde sortant du néant fut un grand événement sans doute ; mais l’incarnation du Créateur des mondes fut un événement plus grand encore. Ce fut une grande chose pour Dieu que de produire une créature ; mais ce fut une plus grande chose que de se faire lui-même créature. Alors naquit l’être le plus grand qui jamais (ne) fut venu ou qui jamais (ne) doive venir à l’existence. »
Le vrai Noël (Louis Gaussen, Dogmatique, (Genève, 1854) vol. 2, p 260)