24 mai 2022. Rembrandt de retour dans l’église du Mas-d’Agenais.
Depuis mardi 24 mai 2022, une toile de Rembrandt a retrouvé sa place, dans la collégiale Saint-Vincent du modeste village du Mas d’Agenais, pour le plus grand bonheur des 1 500 habitants de cette commune du Lot-et-Garonne.
Il s’agit de la seule œuvre du peintre flamand qui ne soit pas conservée dans un musée ou chez un particulier ! L’œuvre avait été déplacée pendant six ans à Bordeaux en raison d’un problème de vitrine et de la restauration de l’église entamée entre 2020 et 2022.
Représentant le Christ agonisant sur la croix, la toile aurait été peinte par Rembrandt aux Pays-Bas en 1631 lorsqu’il avait 25 ans. Une longue histoire l’a conduite jusque dans cette église : la toile a sillonné la France pendant plusieurs années, avant d’être rachetée un beau jour de 1804 sans aucune signature apparente, dans une vente aux enchères de Dunkerque par un certain Xavier Duffour. « Ce dernier, commandant des armées napoléoniennes et natif du village, décide d’offrir le tableau anonyme à la paroisse.
Exactement un siècle plus tard, la séparation des Eglises et de l’Etat fait de l’œuvre une propriété de la commune. Elle est classée aux monuments historiques en 1918. C’est en 1959 que tout bascule. A l’occasion d’une restauration au Louvre, la signature singulière apparaît soudain : RHL, Rembrandt Harmenszoon de Leyde. L’œuvre devient alors un précieux trophée. Elle est prêtée en 2011 pour l’exposition au Louvre « Rembrandt et la figure du Christ ».
L’immense valeur de cette toile n’est pas due qu’à la notoriété de son auteur, bien qu’il soit l’un des peintres les plus célèbres au monde. Elle tient aussi à la manière originale dont ce dernier a représenté Jésus sur la croix. D’habitude, le Christ crucifié est représenté digne, impassible devant la mort. Ici, Rembrandt le représente comme un être un peu chétif, misérable, il manifeste sa souffrance et n’hésite pas à le représenter à l’agonie.
« Le tableau ne laisse pas indemne, il dégage une grande puissance spirituelle. Le fait qu’il se trouve dans une église lui donne une dimension particulière. Il représente le Christ au sommet de son sacrifice.