La "Pièce aux Cent Florins" est l’œuvre capitale de Rembrandt. Elle résume son œuvre toute entière avec toute la variété d’expressions, toutes les qualités du clair-obscur de ces divers tableaux.
Commencée en cette nuit de Noël 1648, il devait y travailler une année entière, la terminer à la Noël suivante : le 25 décembre 1649.
L’œuvre commente à la fois plusieurs pages des Écritures, suivant l’usage constant du maître, qui aimait à multiplier les épisodes contradictoires, dont il tirait ses plus puissants effets.
Auprès de la Fontaine de Bethesda, Jésus lève la main qui bénit, qui pardonne, qui réconcilie, qui guérit. Un rayonnement divin se dégage de sa personne. L’artiste semble y avoir résumé toute la vie du Christ.
Autour de Jésus prêchant Rembrandt évoque :
- la procession des miséreux, des infirmes et des malades surgissant de l’ombre, vers le rayonnement de son pouvoir divin ;
-puis, il lui oppose la bande ironique des Pharisiens et des docteurs jaloux, qu’il a inondés de lumière, pour accentuer le contraste, entre la foi des humbles, et la desséchante science des faux savants.
L’antithèse est puissante, et son effet dramatique s’accroît encore par cette trouvaille de la lumière qui exprime si parfaitement, le groupe des Pharisiens, secs de cœur, « vides comme des sépulcres blanchis », tandis qu’il a réservé toutes les caresses de sa pointe aux malades confiants, au cul-de-jatte, à la paralytique étendue sur sa natte, à l’aveugle guidé par la femme infirme, au blessé brouetté sur un grabat, au chamelier arabe.
« Laissez venir à moi les petits enfants », dit Jésus en tendant les mains vers les mères confiantes qui lui amènent leurs petits ; car Pierre, les croyant importunes, écartait déjà la première en étendant la main.