Le 2 juin 1559, le roi Henri II promulgue l'édit d'Ecouen qui interdit d'appliquer aux hérétiques d'autre peine que celle du feu, puis il assiste aux séances du Parlement (Mercuriales) du 10 juin où l'on doit débattre des mesures à prendre en matière de religion.
Anne du Bourg, jeune conseiller au Parlement de Paris, a le courage de plaider en présence du roi Henri II, la cause des protestants devant le parlement de Paris.
Dans ce discours qui dura plus d‘une heure et demie il écarte les accusations portées contre eux. Il déclare qu‘après examen, il avait trouvé leurs doctrines conformes aux Écritures ; il montre qu‘on ne pouvait les blâmer de vouloir la réformation de l‘Église, et trouve injuste qu‘on leur inflige d‘aussi cruels châtiments :
" On voit commettre tous les jours des crimes qu'on laisse impunis, tandis qu'on invente de nouveaux supplices contre des hommes qui n'ont commis aucun crime. Ce n'est pas chose de petite importance de condamner ceux qui, du milieu des flammes, invoquent le nom de Jésus-Christ."
Anne du Bourg est emprisonné séance tenante et exécuté le décembre 1559.
Marguerite Le Riche, dite la dame de La Caille (de l’enseigne de sa boutique de libraire) fut brûlée en place Maubert le 19 août 1559. Emprisonnée à la Conciergerie elle incitait, par la fenêtre de sa chambre, Anne du Bourg à persévérer. Du Bourg dira à ceux qui l’incitaient à renier sa foi :
« Une femme m’a montré ma leçon et enseigné comme je me dois porter en cette vocation-ci ».
De son côté, Agrippa d’Aubigné, relatera l’épisode à sa façon dans Les Tragiques :
…Mais il faut avouer que près de la bataille
Ce cœur tremblant revint à la voix d’une Caille,
Pauvre femme, mais riche, et si riche que lors
Un plus riche trouva l’aumône en ses trésors.
O combien d’efficace est la voix qui console,
Quand le conseiller joint l’exemple à la parole,
Comme fit celle-là qui, pour ainsi prêcher,
Fit en ces mêmes jours sa chaire d’un bûcher !
(Les Tragiques, IV, 581-588)
Les chroniqueurs de l'époque soulignent le retentissement que son éxécution eut parmi les contemporains, notamment dans les collèges. Florimond de Raemond déclare que le bûcher fit plus de mal que cent prédicateurs n'auraient pu faire avec leurs prêches. Le mot de Tertullien (« Le sang des martyrs est une semence ») se vérifiait une fois de plus.
Agrippa d'Aubigné devait commenter le supplice d'Anne du Bourg dans ses tragiques :
Les cendres des brûlés sont précieuses graines
Qui, après les hivers noirs d'orage et de pleurs,
Ouvrent au doux printemps d'un million de fleurs
Le baume salutaires, et sont nouvelles plantes
Au milieu des parvis de Sion fleurissantes.
Tant de sang que les rois épanchent à ruisseaux
S'exhale en douce pluie et en fontaine d'eaux,
Qui, coulantes aux pieds de ces plantes divines,
Donnent de prendre vie et de croître aux racines.
Source : Jean Crespin, Histoire des Martyrs, Toulouse, 1885-1889, II, p 668-669.
Raoul Stéfan, L'épopée huguenote, Éditions du Vieux Colombier, 1945 p 78-79