20 décembre 1576. Grindal et Elisabeth 1ère
Edmund Grindal (vers 1519 - 6 juillet 1583) étudia au Magdalena College et au Christ’s College jusqu’en 1538. Puis, il étudia au Pembroke College et c’est là qu’il embrassa la Réforme.
En 1549, il apprit à connaître Martin Bucer, le réformateur de Strasbourg et devint son élève.
Il monta rapidement dans l’église sous le règne d'Edouard VI, culminant avec sa nomination comme évêque de Londres. Cependant, la mort du jeune roi l'a empêché de prendre le poste et, avec d'autres partisan du puritanisme calviniste il a du s’exiler en Europe continentale sous le règne de Mary la sanglante.
Il se refugia à Strasbourg, Frankfort et Bâle. Durant son exil il rencontra Jean Calvin et John Knox.
En Alsace il logea à Wasselonne au presbytère protestant. Il s’instruisit de la langue allemande, au point qu'il y prêcha publiquement dans cette langue. Il y resta jusqu’en 1559.
À l'avènement d'Elizabeth 1ère il rentra chez lui et l'année suivante fut nommé évêque de Londres, mais il hésita à accepter en raison de ses scrupules concernant la rubrique «ornements» du livre de prières élisabéthain, les vêtements du clergé... Il consulta Pierre Martyr, qui a conseillé l'acceptation afin qu'ils puissent travailler de l'intérieur pour l'abrogation des restes de papisme. En tant qu'évêque de Londres, Grindal était une épine dans le pied de l'archevêque Matthew Parker, qui souhaitait imposer le port du surplis mais bénéficiait du peu de soutien de Grindal.
Grindal fut nommé à York en1570, puis archevêque de Cantorbéry en 1576. Grindal, était le deuxième archevêque de Canterbury de la reine Elizabeth. Leur relation de travail, cependant, a été désastreuse. Grindal avait des sympathies puritaines, contrairement à la reine, et ses tentatives pour orienter l'Église dans une direction plus puritaine l'irritaient. La reine ne voulait pas que des changements soient apportés à l’ordre établi et, entre autres, elle et Grindal se sont affrontés sur la question des « prophéties ». ou réunions de formation et de discussion sur les sermons qui étaient devenues à la mode parmi le clergé puritain, et elle voulait même qu'il décourage la prédication. Elle estimait que trois ou quatre prédications par an suffisaient.
En 1576, la reine ordonna à Grindal de supprimer les prophéties. Cependant, Grindal y était très favorable. Il croyait que c’était là un bon moyen d'éduquer les gens dans la doctrine de la nouvelle foi et de dispenser une instruction religieuse, car certains endroits étaient sans ministres. Il consulta ses évêques à ce sujet et constatant que dix sur quinze les approuvaient, il se sentit obligé d'écrire à la reine pour lui dire qu'il pensait qu’il les approuvait.
Le 20 décembre 1576, Grindal adressa alors à la reine une remontrance remarquablement audacieuse. Il lui a dit que même si elle était la plus haute autorité du pays sur les questions politiques, elle n'avait pas la même autorité sur les questions spirituelles et qu'il devait placer la volonté de Dieu au-dessus de son devoir envers elle en tant que souverain.
C’était un reproche de 6 000 mots finissant ainsi : "Supportez-moi patiemment, je vous en supplie Madame, si je choisis plutôt d'offenser votre majesté terrestre que d'offenser la majesté céleste de Dieu".
Le refus de Grindal de faire respecter les souhaits royaux lui a valu l'assignation à résidence, bien qu'il ne fût pas déchu de son titre. Sa mort, aveugle et en mauvaise santé, mit un terme aux espoirs de ses partisans.
Il fit partie des traducteurs qui collaborèrent avec Matthew Parker pour réaliser la Bible des Évêques.