1er septembre 1661. René de l’Espine 1610-1671

publié le 1 September 2013 à 02h01 par José LONCKE

Poète Breton, né au Croisic en juillet 1610

Il était le fils de René Timothée de l'Espine, décédé en 1610, l'année de naissance de son fils. Mort le 12 novembre 1671 à Sucé. Il a aussi vécu à Blois, La Haye, Paris et Nantes.

René Gentilhomme de l’Espine naquit et mourut dans la religion réformée.
A 25 ans, page de Gaston d’Orléans, le frère du roi Louis XIII, il vivait près de ce prince dans ce château de Blois. C’est là que le poète prédit la naissance du futur Louis XIV. Un dauphin est pêché dans la Loire ; René de l’Espine le présente à Gaston d’Orléans, en lui prédisant que cet animal est la preuve qu’on verra naître un dauphin fils du roi. Deux ans plus tard, la foudre frappe le dôme du château, illuminant une couronne royale et ne touchant pas une couronne ducale qui ornait la toiture : nouvelle prédiction. René écrit, quitte à se faire mal voir de son patron, un poème où se trouvent ces vers :

Là, le foudre frappant la couronne royale,

Sans briser ni brûler la couronne ducale,

A mon esprit de feu fait voir très clairement,

MONSIEUR, que vous serez un grand duc seulement ;

Qu’en jouant vous perdrez un royal héritage.

Contre cent mille écus cent mille vers je gage,

Et veux bien qu’Astaroth par le col soit pendu,

Si je n’ai moins gagné que vous n’avez perdu.

Cette prophétie n’était pas faite pour plaire à Gaston... Le poète se sauve, arrive en Hollande, où il se fait choyer comme poète et comme homme à la mode. Le prince d’Orange le protége. On le perd de vue. René écrit des vers en l’honneur des grands seigneurs, briguant çà et là quelques dons en retour.

Il remplit enfin quelque mince mission diplomatique, puis, courtisan vieilli, poète démodé, il revient au logis paternel. Il fait inscrire sur le mur de sa maison dix hexamètres relatant en latin sa gloire et ses périls ; Il continue à versifier en s’appelant « le poète de France » et en parlant « de sa royale histoire. » Enfin, dans sa vie errante, ayant fait collection de statues, de tableaux, d’intailles, il les explique et en fait un catalogue en vers. Il fait son épitaphe ; et le roi Louis XIV, ayant fait son entrée à Nantes le 1er septembre 1661, il y alla demander la charité au roi. Dans ce poème de sollicitation, il se dit mort parce qu’il est pauvre :

Un poète sans argent est mort,

Ou tel qu’une frêle peinture,

La triste victime du sort

Est le rebut de la nature.

Aspirant à l’honneur d’être de vos suivants,

Si Votre Majesté le souffre de ce nombre,

Par un bienheureux sort

On vous verra, grand roi, donner corps à cette ombre,

Et prouver aux mortels que ce mort n’est pas mort.


Il paraît que les libéralités de Louis XIV donnèrent dix ans de vie encore au poète.

La meilleure de toutes ses pièces de vers est un sonnet adressé à un ministre du roi. Il y raconte sommairement son autobiographie, et mendie, il est vrai, mais de façon assez fière.
Le voici :

Comte illustre et royal ministre de ce roi,

Que j’ai prédit trois ans même avant sa naissance,

Dieu donna par ma voix, pour couronner la foi,

Le monarque des lys aux saints vœux de la France.

 

En cent lieux j’ai passé pour prince, et ma science

M’a sauvé des périls et vaincu tout effroi :

Vainqueur, j’ai combattu des monstres d’ignorance ;

En constance et bonheur peu s’égalent à moi.

 

Seul et surpris trois fois, j’ai ravi les épées

De cruels assassins s’estimant des Pompées.

Du monarque des rois je fus ambassadeur.’

 

Dans les palais dorés je vis libre avec gloire ;

C’est beaucoup, et c’est peu pour orner mon histoire,

Si ta main ne me donne et de l’or et ton cœur.


Il laisse un recueil de poèmes : « Temple des poètes ».


1er septembre 1661. René de l’Espine 1610-1671

Le Croisic : Manoir de Kervandu.

Ce « Manoir de l'homme noir » ("Kervaudu"), de la fin du 15ème siècle, a notamment appartenu à Aubin Le Roy, un des premiers protestants croisicais. Puis à René de l’Espine, poète du 16ème  siècle. L’Édit de Nantes en effet avait fait de Croisic un lieu de culte pour les huguenots.




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