Édouard Verny (1803-1854), pasteur de l’église luthérienne de la Rédemption à Paris, était un prédicateur recherché. Il avait été appelé à prononcer en l’église Saint-Thomas de Strasbourg, le sermon d’ouverture de la session du Consistoire supérieur de l’Eglise de la Confession d’Augsbourg. Il succomba en chaire, vers la fin de son discours d’une attaque d’apoplexie.
Depuis 45 minutes, il tenait en haleine un auditoire nombreux et attentif. Après avoir exposé que "la foi protestante repose sur le bon fondement qui ne peut être ébranlé, sur le Rocher des siècles qui est l’Eternel notre Dieu", il cita la quatrième strophe du cantique de Luther, « C’est un rempart que notre Dieu » :
Qu’ils prennent corps, bien, honneur, femme et enfants ; laissons-les faire, ils n’y gagneront rien. Le Royaume doit nous rester !
« Il nous restera, ajouta-t-il, le Royaume de Dieu sur la terre, dans l’abaissement, dans le dénuement, dans l’opposition peut-être ; mais certainement un jour dans le ciel, dans la gloire infiniment excellente de l’éternelle béatitude de Jésus-Christ ».
A ce moment-là le prédicateur, d’une voix entrecoupée, essaya en vain, à deux reprises de prononcer les mots de la phrase suivante :
« Voici l’Esprit, mes bien-aimés, dont l’assistance nous est nécessaire si nous voulons travailler dignement à l’édification de l’Eglise de Dieu… »
Il s’arrêta alors et s’assit. On crut d’abord qu’il prenait un peu de repos ; mais son visage, devenu pâle, s’inclina et l’on reconnut qu’il s’était endormi dans le Seigneur.
Celui qui venait de mourir, d’une mort enviée par tous les prédicateurs, avait été un témoin influent de l’introduction de la prédication du Réveil dans les Églises protestantes en France.