19 octobre 1649. Lettre d’un père à ses fils, par Pierre Dumoulin (1568-1658).
Extraits de la lettre « A mes fils Pierre, Louis, Cyrus Du Moulin ».
Vous êtes enfants d’une mère qui a été un rare exemple de piété, de zèle et de charité envers le pauvre : elle vivait comme il faut mourir.
Quant à moi, combien que vous ayez pu reconnaître en moi beaucoup de défauts, n’est-ce pas que vous pouvez dire que vous êtes fils d’un père qui n’a point passé sa vie en oisiveté, et qui a cheminé sans fraude en l’œuvre du saint Ministère, et qui a fermé l’oreille à toutes les sollicitations mondaines qui lui ont été présentées pour le détourner du droit chemin… ce que je dis, non pas pour me vanter, mais pour que vous reconnaissiez la grâce que Dieu vous a faite. Je ne puis en vérité vous laisser beaucoup de biens selon le monde. Mais je vous laisse pour héritage l’alliance de Dieu et sa bénédiction.
Quand vous n’aurez plus de père en la terre, vous en aurez au ciel un autre infiniment meilleur. Car les bénédictions que je puis vous donner sont seulement prières et souhaits ; mais quand Dieu nous bénit, non seulement Il nous élargit ses biens, mais aussi Il nous dignes de les posséder ; Il nous rend bons en nous bénissant.
C’est de Lui que vous devez entièrement dépendre. Sa volonté doit être la règle de la vôtre.
Aimez ce que Dieu a fait… et faites ce qu’Il aime.
Pour faire que vous jouissiez d’une vraie joie et possédiez un vrai contentement d’esprit, il y a deux moyens : la confiance en Dieu et l’intégrité de conscience.
Dieu aime une probité gaie, une joie non insolente, une simplicité prudente, une piété sans fraude, et sans feintise.
Ne soyez point venteurs, ni grands parleurs. Les tonneaux vides retentissent plus que les pleins
Faites qu’en vos familles, la lecture de l’Ecriture soit ordinaire. Que les louanges de Dieu y retentissent, que la prière y soit comme le parfum du soir et du matin. Que votre porte ne soit point fermée au pauvre, ni votre oreille au cri de l’affligé.
Bref, il faut que vos familles soient de petites Eglises, où Dieu soit soigneusement servi.
Les dons de Dieu ne doivent pas être cause de négligence. Nous sommes en un temps auquel un grand savoir est requis… Dieu ne se sert plus d’une mâchoire d’âne pour vaincre les adversaires.
Il vaut mieux nous condamner nous-mêmes en proposant des règles que nous ne pouvons atteindre que de nous flatter en diminuant notre tâche et dissimuler ou rogner quelque chose des devoirs que Dieu requiert de nous.