19 mars 1925. Sun-Yat-sen (1866-1925)
Sun-Yat-sen, « révolutionnaire « chrétien », a dirigé le renversement de la dynastie Mandchoue (1911) et établi la République de Chine, il est surnommé « le père du pays ».
Sa relation avec le christianisme a été compliquée.
Sun-Yat-sen nait dans le village de Cui Heng, comté de Xiang Shan, Guangzhou, dans une famille d'agriculteurs, bien que son père ait travaillé pendant quelques années comme tailleur à Macao. Ses parents pratiquent la religion traditionnelle chinoise. Quand Sun est très jeune, ils craignent qu'il ne devienne pas un adulte en bonne santé, alors ils l'emmènent dans un temple et le dédient au dieu.
À l'âge de six ans, Sun apprend les classiques chinois dans une école de village, mais en 1879, il est envoyé rejoindre son frère à Hawaï, où il étudie au Lolani College d'Honolulu, dirigé par l'Église anglicane. Il obtient le deuxième prix de grammaire anglaise. Il retourne en Chine après avoir obtenu son diplôme en 1882, mais est expulsé de son village natal parce qu'il a cassé un doigt de l'une des idoles du temple du village. Cette action suscite la colère de ses citadins, les réprimandes de ses parents et la désapprobation de ses proches. Il n’y a pas d’autre choix que de le renvoyer à Hong Kong.
Il se rend à Hong Kong en 1883 et s'inscrit au Queen's College en 1884. Il fait la connaissance du révérend Charles Hager, un missionnaire méthodiste américain, qui lui demande s'il croit au Christ. Pensant que la foi de Sun était ferme, Hager lui administre le baptême. Sun est tout à fait disposé à recevoir ce rite. Comme il étudie les classiques chinois avec un érudit chrétien, il adopte un nouveau nom, Sun Rixin, en référence à 2 Corinthiens 5 :7 : « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes ont disparues ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. Son bon ami, Liu Gaodong, a été baptisé avec lui.
Pendant deux ans, Sun vit dans la maison diocésaine. En plus de ses études, il participe avec enthousiasme aux activités de l’Église, suscitant l’admiration et les grands espoirs de Hager pour son avenir. Hager croyait que le zèle de Sun en tant que chrétien lui permettrait d’utiliser la médecine pour amener les hommes à la foi chrétienne.
En 1885, Sun entre au Central College (Institut chinois-anglais). Cependant, il continue à assister aux services religieux le dimanche et utilise souvent ses vacances pour prêcher l'Évangile et distribuer des Bibles et des tracts évangéliques dans les villages voisins.
En 1886, le frère aîné de Sun « le rappelle à Hawaï et tente de le forcer à abandonner le christianisme. Sun refuse. Bloqué et sans le sou, il collecte finalement suffisamment d’argent auprès de ses frères chrétiens pour retourner en Chine.
Sun Yat-sen n'a jamais abandonné la foi chrétienne. Non seulement il s’est déclaré publiquement disciple du Christ, mais il a également insufflé des principes bibliques dans ses écrits politiques. Par exemple, il croyait fermement au gouvernement limité et à la séparation des pouvoirs. Ces idées étaient courantes parmi les réformistes chinois depuis un certain temps et étaient sans aucun doute influencées par la Constitution américaine, elle-même façonnée par les idées bibliques sur la dignité et la valeur essentielles de chaque individu ainsi que sur la propension des êtres humains à abuser du pouvoir.
Il a également insisté sur le fait que la liberté religieuse était essentielle au bien-être de la société ainsi qu'à la stabilité et à la justice du gouvernement.
En 1894, lui, Charlie Soong et leur ami Lu Hao-dong « prêtent serment sur la Bible de chasser les Mandchous, d'établir une forme de gouvernement républicain et de revitaliser la Chine ». Lorsqu'il a été kidnappé à Londres, il dit : « J'ai prié constamment. Pendant six ou sept jours, j’ai prié sans cesse ».
Son premier mariage avait été un mariage de convenance et il avait passé un minimum de temps avec sa première épouse. Sun en s’associant avec le méthodiste « Charlie » Soong, qui est le père de Ching Ling qu’il courtise. Les parents de la jeune fille sont horrifiés à l’idée que leur fille épouse Sun et ont interdit l’union. Ching Ling s'échappe et navigue vers le Japon. En mars 1915, Sun demande le divorce afin de pouvoir épouser Ching Ling. Ils se marient à Tokyo le 25 octobre 1915. C’est elle qui sera connue comme « Madame Sun-Yat-sen ».
Après que la nouvelle fut rendue publique, on ne demanda plus à Sun de parler dans les missions et les églises.
Questions sur la nature de sa foi chrétienne
D’un autre côté, un certain nombre de faits remettent en question si Sun était un chrétien évangélique, c’est-à-dire s’il croyait en Jésus-Christ comme Sauveur de ses péchés.
D’une part, après s’être lancé dans le mouvement révolutionnaire, il a arrêté d’aller à l’église. Il semble qu’il ait fondamentalement remplacé la religion par la politique.
Les complots répétés de Sun visant à tuer ceux qui détiennent l’autorité soulèvent des questions sur sa compréhension des Écritures.
Sun s’est associé à de nombreux protestants, des missions « mainline », qui promouvaient un type de foi axé sur l'amélioration du sort. des gens dans ce monde grâce à l’éducation, à la médecine et à la réforme politique, autrement dit mettant l’accent sur « l’évangile social », pour résoudre les problèmes de la vie urbaine moderne.
Le caractère personnel et la conduite de Sun ont conduit certains à douter s’il était autre chose qu’un chrétien nominal.
Cependant, certains principes chrétiens ont influencé les opinions politiques et sociales de Sun et ont probablement contribué à ses traits de caractère positifs, mais le noyau spirituel et religieux du christianisme était absent de sa vie d'adulte.
Le 12 mars 1925, à 9 h 30 du matin, le premier révolutionnaire de la Chine contemporaine, Sun Yat-sen, mourait à Pékin dans la maison du diplomate Wellington Koo. Sa seconde épouse et son fils voulaient une cérémonie protestante « puisqu'il était mort chrétien » : l'une de ses dernières déclarations aurait été : « Tout comme le Christ a été envoyé par Dieu dans le monde, ainsi Dieu m'a aussi envoyé ». Le 19 mars 1925 a eu lieu un service religieux privé, ddans la chapelle située à côté du Beijing Union Medical College. On y a célébré ses obsèques selon le rite anglican avec un chœur de quatorze étudiants en théologie.