Dans un poème satirique intitulé : « Instruction », Rostagny, décrit la prédication du pasteur aveugle, Jacques Couët du Vivier, à Charenton le 19 mars 1659.
Il écrit :
« Il dit son Pater en français
Et renverse à tâtons le sable. »
La chaire de Charenton était pourvue d’un sablier d’une heure. Dans un recueil de 1625, le pasteur Du Moulin dit qu’il "prêche la Parole de Dieu avec une horloge". En effet, avant de s'appeler sablier au 18ème siècle on le nommait en France "orloge" puis "horloge à sablon"...
Avant la prédication, le pasteur récitait le Notre Père et retournait le sablier déposé près de lui dans la chaire afin que le durée de ce qui allait suivre ne puisse dépasser, autant que possible, la durée de l’écoulement du sable : une heure.
La légende attribue à un moine de Chartres du 8ème siècle l'invention du sablier. Le sable, contrairement à l'eau, ne gelait ni ne s'évaporait et le sablier fut vite adopté par plusieurs. Les ouvriers l'utilisaient pour calculer leurs heures de travail ; les enseignants, pour fixer la durée de leurs cours et les avocats, celle des procès, et même les prédicateurs bien en vue. Luther le recommandait aux prédicateurs pour limiter la durée de leurs sermons. Les réformés avaient également adopté l’usage du sablier.
On trouve un sablier installé dans la chaire de Saint-Pierre à Genève, visible tant par le prédicateur que par les auditeurs, mais on ignore la date de son installation. Calvin en tout cas savait s’arrêter au bout d’une heure pour continuer si nécessaire le lendemain.
On trouve un sablier semblable, à intérieur du Temple de Paradis à Lyon (1563-1567). On le remarque bien dans le tableau qu’en a fait Jean Perrissin (1564).
