4 août 1591. François de la Noue « Bras de fer »
François de La Noue, ( 1531-1591) naît le 16 août 1531, sans doute au château de la Gascherie, près de La Chapelle sur Erdre, aux environs de Nantes. De famille noble, l’enfant reçoit l’éducation traditionnelle des jeunes princes : les armes, la vie de cour dont la musique, la danse. Il développe seul le goût qu’il gardera toujours pour la lecture et les arts. Adolescent, il est bientôt envoyé à la cour de François Ier à Paris où, selon l’usage, il sera page puis écuyer. Sa future carrière est toute tracée : dans les armes. Il sera connu comme chef militaire.
En 1547, à la mort du roi, lui succède Henri II ; le jeune François de La Noue suit les armées royales en Italie. S’il se fait vite remarquer dans le maniement des armes, il est déçu par ce qu’il rencontre : il rêvait de l’art et des lettres en Italie, il y découvre la guerre qui lui déplait mais qu’il est obligé de conduire. De retour en France, François cultive son goût pour la réflexion et, sous l’influence des Coligny, et plus particulièrement de François d’Andelot, frère de l’amiral, découvre la Réforme et se convertit en 1558. Il sera fidèle à la Réforme, l’ayant choisie seul et par conviction.
Trente-huit ans de guerres entre catholiques et protestants commencent en 1562, et dès la première guerre François de La Noue sera présent, mais tentera également de rendre ces guerres les moins inhumaines possibles, suivant en cela les recommandations de l’amiral de Coligny, se révoltant notamment contre les violences gratuites et le pillage, et punissant les coupables.
La troisième guerre, 1568-1570, est particulièrement meurtrière pour le camp huguenot. La Noue lui-même, lors du siège de Fontenay le Comte, est blessé au bras gauche, et devant la gravité de son état est transporté à La Rochelle, ville devenue le refuge des protestants et de l’armée huguenote sous l’autorité sans faille de Jeanne d’Albret. François de La Noue y est amputé de son bras et portera une prothèse qui lui laissera son nom célèbre de « Bras de fer ».
En 1572, il repart guerroyer aux Pays-Bas où il est toujours lors de la Saint-Barthélemy. Fin 1572, les rochelais refusent d’accepter un gouverneur catholique, comme l’exige le roi Charles IX qui charge La Noue de concilier la ville rebelle et le droit royal. En dépit de la part active qu'il prend aux négociations, il n'obtient rien et quitte la ville (1573). S’ensuit le siège de la ville, de 1573 à 1574, qui ne sera levé que grâce aux ambassadeurs polonais venus en France rendre hommage à leur nouveau roi élu, le duc d’Anjou. Il sera connu comme pacificateur.
En 1579 La Noue repart en guerre une nouvelle fois aux Pays-Bas, mais il est fait prisonnier en 1580, et reste cinq ans enfermé. Pendant sa captivité, La Noue écrit Les Discours politiques et militaires, parus en 1587 (dernière édition, Genève, Droz, 1967), où il consigne ses idées et propositions sur l’éducation, la politique, la guerre, la religion :
-Il préconise une politique de tolérance tout en manifestant sa foi dans l'action.
-Il présente en outre une étude approfondie de l'art et de la stratégie militaires.
-Enfin, il entreprend une réflexion sur le rôle et la place de la noblesse dans le royaume de France. Il préconise la création d'académies pour une formation polyvalente des jeunes nobles qui les préparerait aussi bien au métier militaire qu'aux fonctions civiles.
Ce livre, traduit et plusieurs fois réédité, sera source d’inspiration pour Henri IV pour la rédaction d’articles de l’Édit de Nantes, et fera dire à Napoléon « c’est la bible du soldat ». il sera connu comme homme de lettres.
En 1591 « Bras de fer » retourne au combat, en Bretagne, contre l’armée de Mercœur. Au siège de Lamballe il est blessé et transporté à Moncontour de Bretagne, où il meurt le 4 août 1591. Henri IV dira qu’il était « grand homme de guerre et encore plus grand homme de bien ». Nul ne l'égalait pour la droiture calme et constante, pour la pureté des moeurs, la douceur, la patience, la sûreté absolue du caractère. Condamné par les circonstances à faire la guerre civile, il s'efforçait d'en adoucir les rigueurs pour les populations ; ses soldats étaient tenus dans une discipline sévère ; tous les faibles étaient protégés ; le pillage était interdit ; il payait scrupuleusement tout ce qu'il était obligé de réquisitionner. Ce souci des malheureux suffirait à recommander sa mémoire.
Après « Bras de fer », on dira « le Bayard huguenot », mais encore « l’humaniste » et « l’intègre », l’un des grands personnages du XVIe siècle.
Source : Nicole Vray, François de La Noue « Bras de Fer » 1531-1591, Geste éditions.
CARLUER, Jean-Yves.- Protestants et Bretons.- Carrières sous Poissy : La Cause, 2003