15 juin 1842. La reine Victoria et Félix Mendelssohn
La reine Victoria (1819-1901) et le prince Albert (1819-1861) étaient des pianistes et chanteurs accomplis, et Felix Mendelssohn était leur héros musical. Le compositeur rencontra le prince pour la première fois le 14 juin 1842, lui remettant en mains propres une lettre du cousin d'Albert, Frédéric-Guillaume IV de Prusse. À son tour, Mendelssohn fut invité à rencontrer la reine le lendemain soir. Un témoin oculaire rapporte que « les membres de la famille royale se sentaient très nerveux à l’idée de rencontrer leur héros musical, et Mendelssohn ressentait apparemment la même chose ».
« Les mains de Victoria tremblent tellement qu’elle a laissé échapper ses partitions et les ramsse hâtivement, aidée par Félix Mendelssohn. C’est un homme de petite taille, aux longs cheveux moirs bouclés, portant un collier de barbe. Bien qu’il ait dix ans de plus qu’elle, il a l’air d’un garçon.
Le compositeur allemand est venu à Londres pour diriger sa symphonie n° 3 en la mineur.
Victoria et Albert l’ont invité à Bukingham Palace, avec sa femme Cécile, née Jeanrenaud. Sous le dôme du salon de musique, dont les cinq portes-fenêtres font un panorama sur le parc, il leur a donné un récital de ses « Romances sans paroles ».
La reine et le prince sont conquis par la musique romantique de cet honnête homme. Prié de revenir, le samedi suivant, il donne des extraits de son oratorio « Saint Paul », sur l’orgue du Palais, asssité par Albert qui actionne les tirasses de la console. Puis le prince joue lui-même quelques chorals.
Victoria, qui a enfin retrouvé les feuillets qu’elle cherchait, se laisse convaincre de chanter un air du « Voyage italien ».
« si vous l’aidez beaucoup, dit-elle, l’essayerai avec plaisir ».
Mendelssohn l’accompagne au pîano. Victoria surmonte son trac et chante de sa voix très aigüe.
« Je suis obligé de vous confesser, lui it-il, que cetter musique n’est pas de moi, mais de ma sœur Fanny. Croyez bien que lje suis très confus d’avoir à vous avouer cela. Mais nous avons choisi de la publier sous mon nom pourla faire plus rapidement connaître.
Votre Majesté, accepterait-elle de chanter aussi quelque chose de ma composition ? »La reine poursuit donc, sans trop trembler, en entonnant le « Las dir nur » du « « Pilgerspruch », « la Prière du pèlerin ».
… De retour de son voyage avec Albert en Ecosse, Victoria trouve une lettre de Félix Mendelssohn. Il lui demande la permission de lui dédier l’oeuvre en la mineur qu’elle lui a fait l’honneur d’apprécier, et de l’appeler la « Symphonie écossaise ».
La marche nuptiale de Mendelssohn fut jouée pour la première fois au mariage de la Princesse Victoria, fille de la reine Victoria qui épousa le prince de Prusse, le 25 Janvier 1858. Mère et fille ont, à elles deux, ancré la tradition du mariage. Victoria mère est l’une des premières à choisir la couleur blanche pour sa robe de mariée. Femme de petite taille, elle voulait qu’ainsi on ne voie qu’elle! Au mariage de Vicky, surnom de Victoria fille, la tradition se perpétue : une mariée en blanc. On choisit également un nouvel hymne pour l’entrée dans l’église : la marche nuptiale composée par Felix Mendelssohn.
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Victoria, Reine d’un siècle, Joanny Moulin, Flammarion, 2011.
p 181-182, 187.
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