Catherine de Bourbon (1559-1604), duchesse de Bar, la sœur de Henri IV, meurt en ce jour à Nancy.
Catherine de Bourbon, sœur du d‘Henri IV, reta fidèle à sa foi et ne suivit pas son frère. Elle fut de ce fait, à partir de 1594 , le chef des protestants. Elle habite le Louvre ou l‘hotel de la Reine édifié par Catherine de Médicis.
Femme cultivé, musicienne, connaissant le grec, l‘hébreu et le latin, et s‘essayant à la poésie, elle gardait de Jeanne d‘Albret sa mère une rigueur toute protestante.
„…les tourments ni les grandeurs, ne pourront jamais, avec l‘aide Dieu, ébranler ma foi“(lettre au maréchal de Bouillon).
C‘est vrai. Elle tiendra ferme jusqu‘au bout et résistera victorieusement aux pressions de son entourage.
Elle dira au roi, quand il menace de l‘abandonner :
"Dieu, lui, ne me délaissera pas, et j‘aime mieux vivre la plus pauvre demoiselle de la terre en servant Dieu qu‘en le déshonorant être la première reine du monde “
Paris : Louvre et Bourse du Commerce. Tant qu‘elle est à Paris, elle fait célébrer le culte public dans sa maison. Et l‘on voit au Louvre dans la salle des Cariatides sculptées par le réformé Jean Goujon, là même où avait été résolu le massacre de la Saint-Barthélémy, une foule de quelque 1500 personnes affluer au prêche chaque Dimanche.
Pendant cinq années entières, d’avril 1594 à février 1599, le culte protestant fut également célébré de façon fréquente et consécutive à deux pas du Louvre, dans l’hôtel de Catherine de Bourbon (1559-1604), sœur d’Henri IV.
Cet hôtel, dit des Deux-Ecus, était l’ancien hôtel de la Reine Catherine de Médicis qui avait fait élever en 1574 la colonne astronomique cannelée, appelée également colonne Médicis, qui existe encore, et qui est le seul vestige subsistant de cet hôtel.
À la mort de Catherine de Bourbon l’hôtel fut acquis par le comte de Soissons qui lui donna son nom.
C’était vers l’emplacement actuel de la Bourse du Commerce, entre les rues Coquillières, du Louvre et Berger (anciennement des Deux-Ecus). La façade se trouvait entre la rue Berger et l’Eglise Saint-Eustache. L’entrée qui s’y trouvait fut décorée d’un portail magnifique par Salomon de Brosse.
La princesse disposait là d’un palais somptueux digne de son rang de sœur unique du roi avec plusieurs appartements vastes et ensoleillés, des galeries ornées des tableaux des rois, des tapisseries de cuir doré aux murs et des tapis de Perse au sol, des lits de velours cramoisi et des caquetoires à haut dossier, et le tout entouré de grands jardins.
Conformément au droit des hauts seigneurs, la princesse « dressait » dans sa maison une église pour elle et ses gens, dont les portes sont largement ouvertes au public.
Folembray (Aisne). Un accident qui pouvait avoir des suites les plus funestes eut lieu à Folembray, en Janvier 1596. Le roi avait amené avec lui sa sœur, malade depuis quelques semaines et à laquelle les médecins avaient ordonné un changement d‘air.
"…le mardi 23 Janvier , Henri était auprès de la malade, lorsque le plancher de la chambre vint à s‘écrouler subitement, exepté fort heureusement l‘endroit où se trouvait le lit de la princesse, sur lequel pour se garantir, le roi fut contraint de se jeter“(Journal de l‘Etoile).
Que ne fut-il sensible à ce miracle ?
La Duchesse de Bar et la Fermesse
Au 16ème siècle un monogramme a été adopté par les huguenot comme signe secret. Il s’agit du S barré ou fermé signifiant Fermesse, de l’italien fermezza, c’est-à-dire fermeté, constance.
Ce S fermé est couramment utilisé par la reine Jeanne d'Albret pour désigner la fermeté de ses choix politiques et religieux. On retrouve l’S barré sur des jetons de sa fille Catherine de Bourbon, duchesse de Bar.
Sur l’un deux, daté de 1600, le symbole en question est représenté par un serpent debout dont la queue rejoint la tête et figure assez bien l’S barré.
Le serpent emblème de la prudence (Mathieu 10 :
« Soyez prudents comme des serpents… »),
est entouré de deux palmes croisées et surmontées d’une couronne qui rappelle sans doute le texte :
« Tiens ferme, ce que tu as afin que nul ne te ravisse ta couronne » (Apocalype 3.11).
Autour la devise IMPERSUASIBILIS, allusion évidente aux tentatives de conversion dont elle était l’objet à la cour de Nancy.
Quelques vers qu'elle écrit : Stances de Madame, sœur du roi
Pardonne-moi, Seigneur, tout saint, tout débonnaire,
Si j'ai par trop cédé à de mondains appâts.
Hélas ! je fais le mal, lequel je ne veux pas
Et ne fais pas le bien que je désire faire.
Mon esprit trop bouillant, guidé par ma jeunesse,
S'est laissé emporter après la vanité,
Au lieu de s'élever vers ta Divinité
Et admirer les faits de ta grande sagesse.
Ma langue qui devait publier ta puissance
Et l'honneur que de toi, je reçois tous les jours,
Est bègue quand il faut entrer en ces discours
Et prompte et babillarde après la médisance.
Mon oreille, Seigneur, n'est-elle pas coupable,
Qui devait écouter ta sainte vérité
Et y prendre plaisir : ingrate elle a été,
Sourde à ouïr ta voix et ouverte à la fable.
Que dirai-je, mon Dieu, de mes yeux infidèles,
Qui au lieu de jeter leur regard vers les cieux
D'où leur vient le salut, aveuglés aiment mieux
Les arrêter ici sur des beautés mortelles.
Mes mains ne font pas mieux, s'amusant à écrire,
Au lieu de ta louange, un discours inventé,
Lorsque jointes devraient prier ta Majesté
D'approcher ta pitié et reculer ton ire.
Alors qu'il faut aller écouter ta parole,
Mes pieds sont engourdis et vont le petit pas ;
Mais s'il faut aller voir quelques mondains ébats,
Au lieu de cheminer il semble que je vole.
Mon coeur est endormi en sa vaine pensée
Et ne médite pas au bien que tu lui fais.
Il te met en oubli ; mais où sont les parfaits
De qui ta Majesté n'ait été offensée ?
Mais reçois-moi, Seigneur, d'un oeil doux et propice,
Puisque je reconnais mes péchés devant toi.
Regarde à ton cher Fils, sacrifié pour moi,
Qui prenant mes péchés, me vêt de sa justice.
Notes :
Sabine Melchior-Bonnet, Catherine de Bourbon, l’insoumise, Nil éditions, 1999, pp 21-212, 231, 239, 290.