Les diplômes en poche, on pensait en avoir fini avec les études. Mais voilà que la réalité nous rattrape et qu’il faut se replonger dans les livres et les dictionnaires, pour le moindre cours à préparer, la moindre causerie à donner, la moindre page à rédiger.
Toujours recommencer
Après avoir mis au monde et commencé à élever un, deux, trois, et même quatre bébés, on pensait être armés pour le cinquième, et même le sixième. Eh bien non, à chaque fois il faut tout recommencer, comme si l’on n’avait rien compris. C’est qu’ils sont tous différents ces bébés, uniques, et ils nous mettent à rude épreuve, à rude école !
D’étape en étape
Prenez-en un seul, sortez-le des couches et des biberons, vous avez tout à apprendre pour l’étape suivante, celle de la petite enfance. Il vous dit « non », s’affirme, vous joue des tours, vous désarme par ses sourires… et ses colères. Et chacun le fait à sa façon. Puis il y a l’école, la plongée dans l’autre monde, celui qui nous entoure. Et l’on est totalement désarmé. Ils grandissent. C’est le bel âge de l’enfance : dix-douze ans. Un régal ! Il nous semble qu’enfin, nous maîtrisons la situation. C’est juste à ce moment-là que tout s’écroule. L’ado fait surface, et tout est à recommencer, à réinventer.
Toujours du nouveau
Les conseils, les ouvrages spécialisés, les conférences de professionnels, tout cela nous console un peu, mais la dure réalité est là, jour après jour. Cela se calme vers dix-huit, vingt ans (c’est très variable selon les uns ou les autres), mais les choix de vie denos « petits », qui n’existent plus, car ils sont des adultes, nous désarçonnent. Pourtant, il faut faire face à cette nouvelle étape… et tout réapprendre ; que dis-je apprendre, toujours apprendre : les suivre de loin, souffrir avec eux (sans le montrer), être beau-père, belle-mère, grand-père, grand-mère. Mais on ne sait pas cela ! Apprenez ! Et quand vous l’aurez appris, cela ne vous servira plus à grand-chose, car la situation sera totalement nouvelle et il faudra repartir à zéro.
Faut-il désespérer ?
Est-ce sans issue ? Pas du tout, au contraire. C’est la vie, toujours renouvelée, où il faut avancer, découvrir, faire face sans cesse à de nouveaux défis, toujours réinventer. On aimerait bien un jour être arrivé, se reposer un peu (sur ses lauriers), dire qu’enfin, on a compris, qu’on sait comment faire. Mais non, il faut toujours apprendre. Reconnaissons-le, oui, c’est un peu humiliant. Mais n’est-ce pas l’humilité du disciple, toujours à l’école, mais qui sait qu’il progresse, parce qu’il sait qu’il n’est pas arrivé, qu’il a encore tant à découvrir ? C’est cela la vie. Et la vie, la vraie vie, a toujours ce petit quelque chose d’étonnant, de passionnant.
Jamais seuls
Le disciple est aux pieds du Maître. Il n’est pas seul, il peut toujours compter sur plus grand que lui. Dans la redoutable tâche de parent, dans le dédale si compliqué et dangereux des relations humaines, au creuset des souffrances, des malheurs, des catastrophes qui vous tombent dessus sans prévenir, il est là. On peut compter à tout moment sur sa bienveillance, son savoir, son autorité, sa compassion. N’est-on pas là au cœur de la foi, de la vie chrétienne ?
« Venez auprès de moi, vous tous qui portez des charges très lourdes et qui êtes fatigués, et moi je vous donnerai le repos.
Je ne cherche pas à vous dominer. Prenez donc, vous aussi, la charge que je vous propose, et devenez mes disciples. Ainsi, vous trouverez le repos pour vous-mêmes. »