Les quatre évangélistes sont unanimes: avant de quitter ses disciples pour remonter au ciel, le Christ leur a donné l’ordre d’apporter la bonne nouvelle à tous les habitants du monde.
Quelques années plus tard, l’apôtre Paul, sans doute le plus grand des évangélistes de tous les temps, écrivait: «je suis fier de l’Évangile: c’est la puissance de Dieu par laquelle il sauve tous ceux qui croient…»(1).
On pourrait penser que les progrès de la science, la conquête de l’espace, le développement prodigieux des moyens de communication, l’émancipation de nombreux peuples, ont rendu caduc le message à transmettre. Après tout, les enfants jouaient jadis à la marelle, aux cow-boys, à la toupie... alors qu’on les trouve aujourd’hui scotchés à l’écran de la télévision ou occupés à manipuler frénétiquement un jeu électronique. On pourrait en conclure que, pareillement, le monde n’a plus les mêmes besoins qu’au premier siècle.
Mais tandis que la société progresse d’un côté, la vision d’un monde idyllique que le progrès laissait envisager est remise en question. Notre planète se trouve aujourd’hui confrontée à des problèmes inconnus ou sous-estimés auparavant: le réchauffement climatique du globe, la prolifération de l’armement nucléaire, la surpopulation.
Ce n’est pas un scoop de dire qu’un certain pessimisme est le partage autant des chefs mondiaux que du citoyen lambda. L’avenir de notre civilisation semble de plus en plus incertain. Parfois, on accuse les religieux de générer une disposition à la sinistrose, au catastrophisme et d’exploiter cette morosité. Mais rappelons que ce sont nos écrivains et nos philosophes de référence qui signalent cette impression de perdition, de désespoir, d’inconsistance du monde actuel. Il n’y a qu’à lire La nausée de Jean-Paul Sartre ou à entendre Karl Jung quand il interroge: «Qui donc de nos jours a la parfaite certitude de ne pas être névrosé?». On pourrait multiplier les exemples.
Soyons lucides: l’homme d’aujourd’hui a tout autant besoin qu’auparavant d’une bonne nouvelle. À y regarder de près, il n’a du reste pas vraiment changé en 20 siècles.
Évangéliser c’est quoi au juste?
Pour la plupart des gens, le mot «évangéliser» soit ne veut rien dire, soit suscite la méfiance. Beaucoup pensent à une quelconque mouvance sectaire cherchant à embrigader, asservir ou exploiter. Ils se méfient. Pour bénéficier d’un éclairage plus juste, il nous faut prendre la spirale historique en sens inverse et revenir aux origines, à l’époque du Christ.
Le jour où Jésus a introduit son ministère il l’a défini en ces termes:
«L’Esprit du Seigneur est sur moi. Oui, il m’a choisi pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé pour annoncer aux prisonniers: Vous êtes libres! et aux aveugles: Vous verrez clair de nouveau! Il m’a envoyé pour libérer ceux qui ne peuvent pas se défendre...»(2).
Et ce qu’il a dit, c’est ce qu’il a fait. Toute sa vie en témoigne.
Après son départ de la terre, il nous est rapporté que ses disciples ne cessaient d’enseigner et d’annoncer la bonne nouvelle du Christ-Jésus. C’est un message de guérison, de pardon et de délivrance qu’ils ont annoncé. À leur écoute, des milliers de vies ont été transformées. «Vous serez mes témoins», leur avait-t-il dit juste avant(3). L’évangéliste est donc avant tout quelqu’un qui témoigne.
Témoins de quoi?
La Bible relate que les premiers apôtres témoignaient que «le Christ allait de lieu en lieu en faisant du bien»(4). Dans leur message, ils ajoutaient qu’ils avaient été témoins de sa mort sur la croix et qu’ils l’avaient vu vivant, ressuscité plusieurs jours après. Tous attestaient que ceux qui croient en lui obtiennent le pardon des péchés et reçoivent une vie nouvelle, devenant ainsi les enfants de Dieu.
C’est ainsi que quelques pêcheurs galiléens sont partis de la Palestine vers l’an 33 avec ce message qu’ils ont librement proclamé. Souvent molestés par les autorités civiles et religieuses et malgré leur pauvreté et leur instruction sommaire, ils sont à l’origine de centaines de communautés chrétiennes répandues dans toute la Syrie, en Asie mineure, à Corinthe, Alexandrie et Rome, en Grèce et dans les colonies romaines d’Occident.
Depuis, des millions d’hommes de toute langue, de tous pays et de différentes origines sociales ont reçu le message et l’ont transmis. Ils constituent une multitude de communautés éparpillées sur toute la terre et forment le peuple de Dieu. Celui-ci a survécu aux civilisations et a changé la figure de ce monde.
Certes la société a évolué depuis le premier siècle, mais l’individu garde les mêmes peurs et aspirations. Le vide intérieur, l’absence de but dans la vie, la soif de paix, le sentiment d’abandon et de solitude, la peur de la mort et le besoin de pardon sont autant de raisons pour lesquelles le message de l’amour gratuit du Christ est toujours actuel.
Oui, dans son amour pour sa créature, Dieu a envoyé son Fils pour répondre aux besoins des hommes, les invitant à se tourner vers lui pour être sauvés, guéris.
La mission par excellence
Témoigner est un ordre que le Christ a donné à ceux qui sont ses disciples. S’ils ne le faisaient pas, ils ne lui seraient pas fidèles. Alors, par quels moyens le faire? En déversant une avalanche de textes bibliques pour convaincre les gens? En cherchant à faire des adeptes, à convertir par tous les moyens, y compris par la contrainte? Sûrement pas! Même si certains l’ont fait et tentent de le faire encore.
L’apôtre Paul interpellait ainsi ses auditeurs: «Nous vous en supplions, soyez réconciliés avec Dieu»(5). Loin de revêtir un caractère froid ou diplomatique, il est indispensable que le cœur de l’ambassadeur du Christ soit vraiment engagé, que l’amour de son prochain soit la base de sa démarche.
La Bible témoigne toutefois que personne ne peut naître à la vie nouvelle en Jésus-Christ si ce n’est pas Dieu qui le fait. Seul, le Saint-Esprit est capable de réaliser ce miracle. Bien entendu, les chrétiens ont leur rôle à jouer. Ils sont en particulier responsables de vivre de façon authentique ce qu’ils croient tout comme il faut qu’ils acceptent d’ouvrir la bouche pour le dire à ceux qui les voient vivre.
Alors, c’est quoi évangéliser?
Sûrement plus que tout ce qui suit, mais c’est au moins cela:
• Obéir au commandement que Dieu a laissé à ceux qui croient en lui
• Rendre témoignage de la bienveillance de Dieu envers tous les hommes
• Proclamer que le Christ nous a été donné pour être le chemin qui mène à Dieu
• Attester que le Christ, mort pour nos péchés, est revenu définitivement à la vie pour la donner à ceux qui mettent leur confiance en lui
• Compter sur l’action du Saint-Esprit qui seul peut convaincre les hommes
• Raconter l’amour de Dieu pour un monde perdu à cause du péché
• Inviter les hommes à se tourner personnellement vers Dieu, à se donner à lui dans un acte de repentance et de foi en abandonnant leur ancienne manière de vivre sans lui.
• Et, bien entendu, vivre soi-même au quotidien la présence de Dieu et le renouvellement qu’elle procure.
Évangéliser, vous l’avez compris, c’est bien plus que faire croire en quelque chose; c’est inviter à recevoir quelqu’un et à le servir.
Le chrétien qui évangélise honore son Maître. Il refuse de fermer les yeux sur la réalité du monde et de ses besoins. Ne pas évangéliser serait pour lui comme de la non assistance à personne en danger. Pour celui qui ne croit pas, refuser d’entendre le témoignage d’un chrétien, c’est passer à côté d’une vraie bonne nouvelle et se fermer toute possibilité de trouver réponse aux vraies questions de la vie.
Encore aujourd’hui, l’Évangile change des vies. Pourquoi pas la vôtre?