Chaque année à Noël, le Journal de Tintin consacrait sa couverture à une illustration représentant Tintin dans un contexte festif. Profanes ou religieuses, ces images, comme celle où nous le voyons en prière à genoux devant la crèche, pouvaient surprendre.
Hergé, son créateur, y dévoilait-il sa foi ?
Tintin est-il chrétien ?
La réponse à ces questions est plus complexe qu’il n’y paraît. Tintin est « né » dans un journal catholique, Le Petit Vingtième. À ses débuts, bien avant d’adopter le pantalon de golf que nous lui connaissons, Tintin se présentait au public en boy-scout modèle. Mais Hergé, le créateur de Tintin, de son vrai nom Georges Rémi, a peu à peu abandonné la profession chrétienne de son enfance. Le pendule du Professeur Tournesol est là pour en témoigner : ce sont l’ésotérisme et le taoïsme de Lao-Tseu qui remplissaient son « auberge » aux dépens de Jésus, relégué à sa crèche lointaine.
Marqué par ses origines
Dans une série d’entretiens publiés en 1975, Hergé affirme : « Je n’ai jamais eu la foi, je croyais cependant l’avoir ; j’étais sincèrement persuadé que j’étais un vrai croyant et un excellent catholique. Mais je me trompais. » Il avoue vouloir « trouver une croyance à laquelle me rattacher ; ça doit être très rassurant » et d’ajouter : « Je ne sais pas ce que je dois croire... je ne sais rien. » Hergé a pris ses distances avec l’Église catholique et a choisi d’autres voies, sans jamais parvenir à la certitude et à la paix. À l’image de bien de nos contemporains.
Mais quand un homme s’éloigne du Christ, il en reste toujours des traces ! Et c’est bien le cas d’Hergé. Il est vrai qu’il n’en parle jamais et qu’il n’est nullement question de Noël dans les 22 albums Tintin. Mais ce n’est pas pour autant que le Christ est absent de son œuvre.
Une figure du Christ
Inconsciemment sans doute, Hergé a fait de Tintin ce que Dominique Cerbelaud appelle un « héros christique », c’est-à-dire une figure qui fait penser à Jésus, le Sauveur, né à Bethléem en Judée, que nous fêtons à Noël. Bien des traits de Tintin font penser au Christ. Tintin est « bon », il fait du bien autour de lui, il lutte contre le mal, il se montre prêt à souffrir et à donner sa vie pour autrui.
Certaines images évoquent sa « crucifixion ».
En 1964, l’édition de Noël du Journal Tintin montre Tintin avançant dans la neige – symbole de pureté pour son auteur – et portant dans ses bras un agneau pour la crèche. L’image étonnante évoque le Christ, l’Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde ! Quel merveilleux résumé du message de Noël ! Il est né pour mourir ! Un Sauveur est né !
Non, ce n’est pas Tintin qui nous sauve. Le Sauveur c’est le Christ. Hergé « l’a vu sans le voir ». Et nous, le voyons-nous ?