Le 23 décembre, cinq prisonniers de guerre français reçoivent l’ordre d’aller réparer des dégâts causés par les bombardements alliés sur la résidence d’un diplomate suisse à Berlin. Le souffle d’une explosion a fait voler en éclats les vitres. Dès le lendemain matin, un jeune officier SS se présente accompagné des cinq prisonniers. Ils sont accueillis par Mme Marie-Hélène Schwarzenbach, l’épouse du diplomate.
Interdiction de parler aux prisonniers !
- « Les vitriers que je vous amène, dit-il sur un ton arrogant, sont des prisonniers de guerre. Vous n’avez pas le droit de leur adresser la parole. Je viendrai personnellement les chercher ce soir ».
Un jeune soldat autrichien armé doit monter la garde jusqu’au soir pour empêcher toute fuite et faire respecter les consignes. L’épouse du diplomate regarde avec grande émotion les cinq prisonniers. Leur regard terne et leur corps amaigri témoignent d’une grande souffrance.
Un premier rayon de soleil
Dès l’officier SS disparu, elle leur adresse un grand sourire et leur prépare un café au lait, une denrée rare en ces temps de guerre. Puis elle engage tout naturellement la conversation en français. Le soldat autrichien ne sait plus quoi faire, mais elle l’invite à se joindre aux prisonniers pour le café. Bien que visiblement très nerveux, il accepte. Après quoi, les prisonniers se mettent au travail et le soldat reprend son poste devant la porte.
Un repas de Noël improvisé...
De son côté, Mme Schwarzenbach fait l’inventaire de tout ce qu’elle a. Elle veut leur offrir une vraie fête de Noël et les aider à oublier, du moins pour un moment, leur triste situation. Elle orne la table d’une jolie nappe de Noël et met huit couverts, cinq pour les prisonniers, un pour le soldat, un pour elle-même et le huitième pour l’officier SS, bien décidée à ne pas se laisser intimider par lui.
Ils commencent le repas sans lui. Bien que tremblant de peur, le jeune soldat autrichien a pris place à table lui aussi. Cela fait bien longtemps qu’ils n’ont pas savouré de tels plats. Mis en confiance, ils parlent de leur famille, de leurs enfants au pays... Bien que cela soit formellement interdit, chacun écrit une lettre que l’épouse du diplomate promet de poster.
Survient l’officier SS
Ils en ont oublié la guerre. Ils commencent à chanter des chants de Noël. Soudain, on frappe à la porte. Avant même d’entrer dans la pièce, l’homme se met à hurler :
- Où se trouve le soldat qui devait monter la garde ? Où sont les prisonniers ? Que signifient ces chants ?
- Nous fêtons Noël. Vous êtes également invité, lui répond l’hôtesse calmement mais fermement.
Chacun s’est tu. Le soldat autrichien tremble comme une feuille, les prisonniers se font tout petits. L’officier n’en croit pas ses yeux. On le voit hésiter. Un combat intense fait rage en lui.
Retournement de situation
Alors que cela peut tourner au drame, un des prisonniers entonne « Mon beau sapin », ce chant de Noël qui traverse les frontières. Tout le monde le reprend en chœur. Quelque chose d’inexplicable se passe alors : l’officier allemand abandonne soudain son attitude hostile et se joint aux autres autour de la table. Pendant une heure, tout le monde célèbre Noël, la venue du Sauveur des hommes, oubliant la guerre et qu’ils sont ennemis, conscients d’être tout simplement, des frères en humanité.