Définition « Poésie hébraïque », par Yves Petrakian (extraits)
https://topbible.topchretien.com/dictionnaire/poesie-hebraique/ consulté le 21/09/2021
La poésie est fille de l'émotion. Sur les ailes de l'imagination, elle se laisse emporter dans les régions de l'idéal. Sans émotion, sans imagination, pas de vraie poésie.
Pas de poésie, non plus, sans une forme spéciale d'expression. Ce que le poète a éprouvé, il sent le besoin de le faire entendre dans une langue qui n'est pas celle de tous les jours, dans une langue abondant en images pittoresques, en hyperboles hardies, en mots bien frappés.
« Poésie est un terme qui nous vient du grec et qui signifie création ».
En l'appelant de ce nom, les Grecs voulaient dire que le poète transporte ses auditeurs, ou ses lecteurs, dans un monde qui échappe aux conditions ordinaires de la réalité. C'est un fait dont on doit se souvenir quand on interprète la poésie : les canons de la science ne lui sont pas toujours applicables, et trop d'analyse en anéantit la vie.
Il ne faut donc pas nécessairement prendre à la lettre un texte poétique.
Les Sémites, et parmi eux les Hébreux, étaient admirablement doués pour la poésie. Notons tout d'abord qu'ils avaient l'âme passionnée ; c'est intensément qu'ils aimaient, et ils ne se cachaient pas de haïr intensément.
L’Israélite en exil avait pour son foyer, pour sa patrie, pour son peuple, un amour ardent : « Jérusalem, si je t'oublie, que ma droite s'oublie elle-même ! » (Psaumes 137.5).
Remarquons ensuite qu'il avait l'imagination toujours en éveil : la métaphore lui était plus familière que le raisonnement logique. Il avait une vision colorée des choses.
Enfin, constatons que son instinct littéraire était secondé par une langue merveilleusement faite pour l'expression poétique.
Le verbe hébreu est loin d'avoir la rigidité à laquelle nous tenons dans nos langues modernes, surtout en français. Il est imprécis, fluide, et opère par suggestion, laissant ainsi le champ libre à l'imagination.
La langue hébraïque est riche en synonymes permettant de noter les nuances délicates du sentiment et les aspects les plus variés de la nature. Les sons mêmes de cette langue devaient lui assurer une carrière poétique.
L’harmonie imitative lui est familière et il semble que la voix peint à l’oreille les scènes qu’elle décrit. Les sifflantes abondent : elles retentissent, aiguës, dans les accents du triomphe ou du chagrin. Les gutturales, profondes, sonores, correspondent à ce qu’il y a de plus intime dans l’âme. Et la gamme des sons des voyelles est sans lacune.
Aussi le lecteur du texte hébraïque ne devra pas se contenter de découvrir seulement le sens des mots qu'il rencontre. Il fera attention à leur forme, à leur son.
Le poète israélite dispose donc d'une langue musicale et il en tire des effets inattendus.