L'Arabie au 7ème siècle
La péninsule arabique, grande comme les deux tiers de l’Europe, comprend une Arabie montagneuse et verdoyante comme celle que l'on trouve au Yémen, et une Arabie désertique, parsemée d’oasis de palmiers-dattiers un peu plus vers le nord. La péninsule Arabique se trouve entourée de la Mer Rouge, du Golfe persique au nord et au sud, de l’Océan indien à l'est.
La péninsule est alors au contact d'empires et de vieilles civilisations.
Au Nord, la Mésopotamie où avaient rayonné Babylone et la Perse. Le zoroastrisme y est présent.
À l'Ouest, l’Égypte pharaonique, convertie au christianisme, la Syrie qui inventa l’écriture, et la Palestine.
Au Sud, le Yémen où vécut la reine de Saba, ainsi que l’Éthiopie christianisée et puissante, l’Abyssinie.
L’Arabie du 7ème siècle est peuplée de bédouins nomades qui conduisent leurs troupeaux de bétail ainsi que les caravanes. Parmi eux, les citadins vivent du commerce.
À part quelques tribus juives et chrétiennes éparpillées de-ci, de-là, le reste de la population est polythéiste. Pas moins de 365 idoles abritées dans le sanctuaire de la Kaaba* à La Mecque y sont vénérées.
Naissance et vie de Mohamed*
Mohamed(1) est né vers 570 à La Mecque. Il appartient à la tribu des Quraychites, la tribu la plus puissante de La Mecque. Il est issu du mariage de `Abd Allâh et Amina. La mort de son père survient avant sa naissance. Sa mère décède quand il a 6 ans. Il est recueilli par son grand-père 'Abd al-Muttaleb (chef du clan des bani-Hachem ou les Hachémites) qui meurt à son tour, deux ans plus tard. Son oncle paternel Abou Talib l’accueille et devient son tuteur. Khadija, riche veuve, confie ses caravanes à Mohamed devenu jeune homme. Appréciant ses qualités et le trouvant séduisant, elle le demande en mariage et l’épouse en 595. Elle a 40 ans, lui 25. De cette union, quatre filles vont survivre : Zainab, Roquayya, Fatima, et Oum Khalthoum. Mohamed restera monogame pendant toute la période de la vie de Khadija, elle meurt en 619(2).
À l’approche de la quarantaine, Mohamed, va prendre l’habitude de se retirer sur le mont Hira, près de La Mecque. En l’an 612, il raconte que l’archange Gabriel lui apparaît et lui dit : « Tu es l’Envoyé de Dieu et son prophète » puis lui ordonne de réciter ce qu’il a entendu. Ces révélations formeront le Coran*, Qur’an en arabe, mot qui signifie, lecture ou récitation.
Cette même année, Mohamed entame sa prédication et commence à convertir ses proches, notamment sa femme Khadija et son cousin Ali. En proclamant que Dieu est unique, il irrite les commerçants mecquois qui vont le persécuter. En effet, ils craignent qu’il discrédite leurs idoles et ruine leur pèlerinage, donc leur commerce. Son oncle, Abou Lahab, nouveau chef des bani-Hachem, deviendra l’ennemi juré de Mohamed ; il lui retire la protection du clan. Mohamed est alors en danger de mort, car n’importe qui peut désormais le tuer sans encourir la loi du talion.
Un cercle de partisans se forme bientôt autour de lui. Pour soustraire ses partisans aux persécutions croissantes, Mohamed va les faire partir en Abyssinie, ou Éthiopie, gouvernée selon ses dires par un roi chrétien juste, le roi Négus.
Mohamed, lui, va rester à La Mecque, avec le soutien d’hommes comme Abu-Bakr, et Omar, qui seront par la suite ses successeurs (califes*) immédiats.
Après une mission infructueuse à Taïf, une cité juive montagneuse située à 73 km au sud de La Mecque, Mohamed reçoit l'invitation des Médinois à venir s’installer chez eux. Ils voient en lui un médiateur lucide. Il faut rappeler que la ville de Yethrib connaît beaucoup de problèmes entre communautés. À son arrivée, Mohamed est sollicité pour arbitrer les différends qui opposent ces communautés et les clans locaux.
En 622, accompagné de ses deux disciples, il gagne cette oasis qui ne s'appellera plus désormais Yathrib, mais Médinat al-Rasoul (la ville du prophète).
L’an 1 du calendrier musulman
C'est l’Hégire* (Hijra en arabe), l’iémigration qui va marquer l’an 1 du calendrier musulman(3). Mohamed va se positionner en chef politique et militaire. Il signe alors un pacte appelé Constitution de Médine avec les tribus juives et arabes. Ses partisans prennent le nom de musulmans, c’est-à-dire de soumis.
Il substitue à la tribu et aux liens de sang une nouvelle alliance, celle de la Umma* ou communauté. Ceux qui ont fait allégeance, doivent être solidaires et se protéger mutuellement, quelle que soit leur origine ou la couleur de leur peau. Mohamed* a su fondre tous les groupes en une seule fraternité. En une seule Umma*.
Mohamed* est reconnu comme prophète ; les litiges doivent lui être soumis. Il vise alors à gagner la sympathie des juifs religieux. Il adopte certaines de leurs pratiques, par exemple Ashura*, la prière plusieurs fois par jour. Jérusalem devient la première direction de la prière musulmane (Qibla). Les émigrés mecquois vont adopter certains usages des juifs dans leur manière de se coiffer et de se nourrir. Problème ! Les interlocuteurs israélites font d’abord la sourde oreille, puis ils vont se mettre à le harceler avec leurs railleries, en le traitant de gentil, de païen, mais aussi de Ummi, (ignorant) tandis que leurs poètes le ciblent et le ridiculisent cruellement, au point que certains arabes médinois commencent à murmurer contre l’intrus.
En privilégiant la communauté de la foi sur la solidarité de sang, la prédication musulmane menace la cohésion des clans juifs. Les conversions se multiplient, le 'Houjra « la chambre » fait tout autant office d’appartement privé de Mohamed* que de mosquée*, de tribunal, ou de trésor de la Umma*. Les tribus juives décident alors de réagir en se ralliant aux Mecquois déjà en guerre contre Mohamed*.
Naissance de la Umma*
Après plusieurs batailles qui vont opposer Mohamed* aux Mecquois et à certaines tribus juives qui les soutiennent, Mohamed* va finir, le 11 janvier 630, par entrer triomphalement dans La Mecque. À la tête d'une armée de 10.000 hommes, il se rend à la Kaaba* qui, selon le Coran*, a été édifiée par Abraham (Q 1.127 ; 14.37)(4). Bien que les juifs demeurent à ses yeux, comme les chrétiens, les gens du livre, les tensions ainsi créées ne seront pas sans conséquences religieuses.
Même si Jérusalem restera la troisième ville sainte de l’islam, (après La Mecque et Médine), la prière ne se fera plus dans sa direction.
Mohamed* donne un sens nouveau aux anciens symboles, il renverse les idoles et proclame que désormais la Kaaba* est la maison d'Allah*.
De retour à Médine, il lance quelques expéditions pour étendre l'influence de l'État islamique naissant. Il revient à La Mecque en 632 pour le pèlerinage dit de l'Adieu.
Il accomplit les gestes qui deviendront rituels par la suite. Il fait les ablutions de purification, se revêt d'étoffe blanche sans couture symbolisant l'égalité des musulmans devant Dieu quelles que soient leur race et leur richesse.
Mort de Mohamed
Deux mois après son retour du pèlerinage, Mohamed* tombe malade : fièvre et maux de tête. Il sollicite de ses épouses l'autorisation de rester dans la chambre d'Aïcha(5). Il arrive avec beaucoup de peine à monter en chaire pour prêcher. Abou Bakr, se met à diriger la prière à sa place.
Mohamed meurt le 8 juin 632 sans avoir réglé toutes les questions que soulèvera sa succession : la nature du pouvoir, les fonctions du calife* « successeur » du prophète, le mode d'exercice de son autorité, les conditions de sa nomination et, le cas échéant, de sa destitution.
Expansion et situation de l’islam dans le monde
Après la mort de Mohamed, l’islam va se répandre par des conquêtes, surtout sous le deuxième calife*, Omar, qui va faire tomber Damas 634, Jérusalem 636, Alexandrie 641.
L'islam va progresser plus lentement et de façon plus pacifique vers l'est en Asie, jusqu'à l'Indonésie. Il y arrive à partir d’au moins le 12ème siècle avec des marchands arabes qui font escale dans les ports de Java et Sumatra. Sur le passage de ces commerçants, d'autres pays ou peuples seront progressivement convertis. On dénombre aujourd’hui près de 350 millions de musulmans dans le sous-continent indien, entre le Bangladesh (111 millions), le Pakistan (130 millions) et l’Inde (112 millions).
En Asie du Sud-Est, on dénombre près de 200 millions de musulmans avec, principalement, l’Indonésie (175,3 millions), la Malaisie (10,2 millions), les Philippines (3,5 millions), le Sri Lanka (1,6 millions).
L'Afrique subsaharienne sera également conquise par les commerçants arabes. Le nombre de musulmans s’y élève à près de 145 millions. Principaux pays concernés : Nigeria, Éthiopie, Tanzanie, Mali, Sénégal, Tchad, Niger, Guinée, Ghana, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, etc…
Cette expansion de l'islam va s'étendre aussi à l’Europe centrale et orientale. Sa présence remonte à l’Empire ottoman au 15ème siècle. On trouve des musulmans en Albanie avec près d’un million de personnes, dans l’ex-Yougoslavie (plus particulièrement en Bosnie : 2,3 millions), en Bulgarie (près d’un million), ainsi qu’en Grèce, en Roumanie, à Chypre, etc.
En Europe occidentale, l'islam s'est développé avec les flux migratoires. En France on estime entre 3,5 et 4,3 millions le nombre des musulmans. En Allemagne, on compte entre 2 et 2,5 millions et entre 1 et 2,5 millions en Grande-Bretagne. D'autres minorités moins importantes existent en Italie, Espagne, Suisse, Autriche, Pays-Bas, Belgique et dans les pays scandinaves.
Sur le continent américain, on estime le nombre de musulmans à 6 ou 7 millions de personnes. Les États-Unis en comptent à eux seuls plus de 4 millions : une partie provient d’une immigration dont les débuts remontent au siècle dernier ; l’autre est constituée de convertis, notamment les Black Muslims.
L'Amérique latine connaît également une présence musulmane qui dépasse les deux millions répartis entre les Caraïbes, l'Argentine, le Brésil et quelques autres pays où ils sont en nombre moins important. Aujourd'hui le nombre de musulmans dans le monde est estimé à 1,6 milliard, soit 23,4 % de la population mondiale(6).