7 juillet 1698. Elie Neau (1662-1722)
Elie Neau commença à naviguer à l’âge de 12 ans. Né dans une famille protestante, il se convertit spirituellement à l’âge de 16 ans, et fut très lié à son pasteur Jean Morin, qui en 1685 se rendit en Angleterre, puis en Hollande, où il s’établit. C’est lui qui écrira plus tard le livre sur les souffrances d’Elie Neau, à partir du livre en anglais d’Elie Neau. A 17 ans, il quitta la France laissant sa famille, qui le rejoindra plus tard. Il se rendit à Saint-Domingue, où beaucoup de huguenots vivaient en paix. Il y vécut en marin. Mais en 1685, la Révocation rattrapa ces îles lointaines, et la plupart des huguenots allèrent à Boston et New York. Elie se rendit à Boston. Il eut contact en 1690 avec John Eliot, l’apôtre des Indiens, qui fit sur lui une forte impression. En 1688, il épouse Suzanne Paré, dont la mère veuve s’était établie à Boston avec ses trois filles. En 1690, il se fit naturaliser anglais, pour pouvoir commander un vaisseau. En 1692, il commandait la « Belle Marquise », bateau d’un négociant protestant français de New York.
La captivité d’Elie Neau (1690-1698)
Le 8 septembre 1692, il fut capturé aux Bermudes par des corsaires français, et emmené à Saint-Malo. Il passa quatre mois à Saint-Malo, harcelé par les convertisseurs catholiques. Le 12 février 1693, il fut condamné aux galères en tant que « religionnaire français, convaincu de s’être habitué dans un pays étranger sans la permission de sa majesté… » Le 3 avril, il fut attaché à la chaîne, avec plus de 200 autres forçats et mit un mois épouvantable à atteindre Marseille. Placé sur la « Vieille Madame » pour 6 mois, puis sur la « Magnanime », pour 6 autres mois, il fut mis au cachot le 5 mai 1694, à Marseille, à la Citadelle d’abord, puis au château d’If, dans divers cachots. Et sans cesse attaqué par les convertisseurs, dont il parle dans ses chants. Le 3 juillet 1698, on lui annonça sa libération, due à l’intervention du roi d’Angleterre, qui avait demandé l’élargissement d’un de ses sujets. Louis XIV dut s’exécuter suite aux clauses de la paix de Ryswick de 1697.
Le 7 juillet 1698, Elie Neau quitta Marseille pour Genève. A Londres il va plaider la cause des galériens en France auprès du gouvernement anglais. Le 3 août 1699 il arrive à Boston, puis à New York, où il retrouve sa femme et ses deux enfants, dont sa fille qu’il n’avait jamais vue.
L’évangéliste des esclaves noirs et indiens (1699-1722)
Elie Neau entame une nouvelle vie, jouissant d’un prestige important. Il reprend ses activités de négociant et devient l’un des plus importants de New York.
Marqué par le souvenir et l’œuvre de John Eliot, il commença à s’intéresser à l’évangélisation des esclaves indiens et noirs. Elie Neau allait partout visiter les noirs malades, et les invitait dans sa maison, où il avait nstallé au premier étage une chapelle dans laquelle se tenaient trois cultes par jour, pour sa famille et pour les esclaves, et aussi pour les pauvres européens, français et écossais, dont on ne voulait pas dans les paroisses établies. Rien n’était facile. Les blancs européens méprisaient les indiens et les noirs.
A sa mort le 3 septembre 1722, il fut enterré dans le cimetière de Trinity Church, à côté de sa femme. Son nom est resté connu, et on parle encore aujourd’hui en Amérique « du grand apôtre des esclaves sous le régime anglais que fut le réfugié français Elie Neau »
Tombe d'Elie Neau dans le vieux cimetière de Trinity Church, à New-York.
Source : « Histoire des souffrances du sieur Elie Neau sur les galères et dans les cachots de Marseille (1701). Nouvelle édition, avec introduction et notes, par Gaston TOURNIER, PUBLICATIONS DU MUSEE DU DESERT EN CEVENNES, 1939 »