31 mars 1811. Inauguration du temple de l’Oratoire du Louvre. L’ancienne chapelle royale de Louis XIII avait été octroyée comme lieu de culte, aux protestants réformés de la capitale, par Napoléon Ier. Elle est située tout près de l’église qui sonna la Saint-Barthélemy.
L'église Saint-Louis du Louvre, qui sert de temple aux réformés est en mauvais état. Elle est menacée destruction en raison des plans d'urbanisme de Napoléon. Elle sera démolie en partie en 1811, en totalité en 1820 seulement.
En 1811, le préfet Frochot réussît à faire proposer aux protestants parisiens, l'église de l'Oratoire occupée par les décors de l'Opéra du Théâtre Vaudeville et du Théâtre Français.
Les deux premiers libèrent les lieux très vite. Le Théâtre Français fait la sourde oreille, mais quitte la place à la suite d'un quiproquo : le diacre, chargé de suivre l'affaire, M. de Chatillon, parle avec une telle assurance, qu'il est pris pour un commissaire impérial ! Les réformés s'empressent d'occuper l'édifice avant que les autorités ne changent d'avis.
Le premier culte est célébré le 31 mars 1811. Le préfet Frochot lui-même aurait dit aux délégués du Consistoire :
« Prêchez sur des gravats ».
Il y a de nombreux catholiques parmi les 2000 personnes qui assistent parfois au culte du dimanche à l'Oratoire, qui ne sera concédé aux protestants qu'en 1844.
Aménagements
D'importants travaux furent entrepris par les protestants. Tout d'abord, le tambour, ainsi que les stalles de l'église Saint-Louis du Louvre sont transportés à l'Oratoire. Les initiales S. L. se trouvent encore sur les ferronneries. En 1821, la division dans le sens de la hauteur de l'ancien chœur est décidée pour en faire la grande sacristie et la Salle Haute
Le grand vitrail supérieur derrière l’orgue est orné au centre d'une croix de la Légion d'honneur : récompense décernée aux premiers pasteurs du temple : Marron, Rabaut-Pommier et Mestrezat.
Dans la grande Sacristie (ancien chœur des Oratoriens), outre le portrait du pasteur Marron, des inscriptions et des bustes ont été disposés depuis la fin du 19ème afin de faire mémoire du protestantisme parisien. On peut voir notamment :
-les dates du protestantisme parisien.
-les pasteurs avant la Révocation de l’édit de Nantes.
-les pasteurs de 1811 à 1882.
-les bustes des six premiers pasteurs, sur des consoles avec leur nom et un verset biblique évoquant leur témoignage :
Marron (« Ô mort où est ton aiguillon, Ô sépulcre où est ta victoire »),
Rabaut-Pomier (« Je sais en qui j’ai cru »),
Jean Monod (« Christ est ma vie et la mort m’est un gain »),
Juillerat (« J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi »).
Les deux derniers prédicateurs eurent l’un et l’autre un grand rayonnement :
Athanase Coquerel père (« Il se repose de ses travaux et ses œuvres le suivent »), fut considéré en son temps comme un prédicateur extrêmement brillant, une sorte de tribun.
Adolphe Monod (« J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé »), bien en phase avec le romantisme avait le don d’impressionner les gens par une prédication plus dramatisée.
Dans ce temple retentit en effet la prédication d’Adolphe Monod (1802-1856). L‘une des personnalités les plus célèbres du protestantisme français. Doué d‘une grande éloquence (« notre maître à tous » disait Lacordaire), il fut le prédicateur du Réveil qui renouvela en profondeur le protestantisme français au début du XIXème siècle.
« Il n‘y a qu‘une chose qui efface les péchés : ce ne sont pas nos pénitences, ce n‘est pas notre repentir, ce ne sont pas nos aumônes et nos bonnes œuvres, ce ne sont même pas nos prières, -c‘est le sang de Jésus-Christ. »
Temple de l’Oratoire : ancien siège social de la SEIPF
La Société pour l’encouragement de l’instruction primaire parmi les protestants de France (SEIPF), fut créée en 1829, par le marquis de Jaucourt (premier président), Guizot et les frères Benjamin et François Delessert. Elle s’est donné pour objectif la constitution d’un réseau d’écoles protestantes où les enfants de la minorité réformée seraient à l’abri de tout prosélytisme catholique. La première école du Dimanche de Paris y fut ouverte par le pasteur Frédéric Monod en 1822.
Mais le Temple était le siège de nombreuses autres associations protestantes : Société biblique… et au 6 rue de l’Oratoire il y a avait une librairie protestante, et le siège du journal « Les Archives du Christianisme au XIX siècle ».