27 août 1845. Naissance d’un défenseur des langues régionales : Guillaume Le Coat (1845-1914).
Lorsque le jeune Guillaume Le Coat (1845-1914) arrive à Courbevoie pour se former à l’école normale protestante, il a déjà toute une expérience d’enseignant et de combattant de l’évangile derrière lui. Gwil. Ar C’hoad a été en effet instituteur ambulant avec sa mère dans les écoles itinérantes fondées par John Jenkins, le pasteur de Morlaix. Il s’agissait alors d’enseigner à lire à domicile avec son ABK, tout en introduisant le Nouveau Testament, traduit en breton… En 1861 l’école était en plein expansion : ayant débuté avec 22 élèves, elle était passée de 44 à maintenant 92 élèves. Cette école sera le creuset de l’église baptiste de Tremel. C’est pour donner des bases légales au petit établissement que Guillaume avait du s’expatrier en vue d’obtenir un brevet de capacité.
Après avoir obtenu le brevet supérieur d’enseignement en 1866, le jeune homme revint se fixer à Tremel. La Baptist Missionary Society lui proposa alors une charge mixte d’évangéliste-instituteur qui correspondait bien à son zèle et à son tempérament. Il sera consacré officiellement à Tremel en octobre 1868 par ses collègues bretons. Guillaume reçut immédiatement une « délégation du consistoire réformé de Brest pour remplir comme ministre délégué le fonctions du culte ».
Avec les années se développera à Tremel une véritable station missionnaire avec école, hospice, orphelinats, dispensaire… Guillaume Le Coat sera à la fois vulgarisateur agricole, instituteur, évangéliste et créateur de nombreuses œuvres sociales. Il créa en 1872 une école libre et gratuite de garçons, puis un cours gratuit pour adultes, puis en 1875 une autre école à Pont-Menou. En 1885, il fonda à Tremel un hospice et un asile de nuit, en 1888 un orphelinat de filles et en 1892 un orphelinat de garçons avec une ferme.
Pour procurer du travail aux orphelins, il monta à Tremel en 1899 une usine à teiller le lin et le chanvre avec une machine à vapeur et 20 ouvriers. Il s’occupa aussi des émigrés bretons de Jersey, du Havre et de Plymouth. En même temps, il ouvrait des lieux de culte évangélique, à Brest en 1875, au Huelgoat, à Conval et dans d’autres localités, jusqu’à un nombre total de 14 salles. Il lança trois voitures sur les routes pour colporter de la littérature biblique à travers la Bretagne.
Les lois Jules Ferry (1881-1882) interdisaient tout enseignement dans les langues régionales qualifiées de « patois ».
Le Coat était convaincu qu’il fallait traduire la Bible pour les deux millions de bretonnants qui ne la possédaient pas encore. Il eut l’occasion d’en discuter avec Jules Ferry.
-La traduction de la Bible en breton est une tâche totalement inutile. Le breton arrive au bout de son histoire. Dans cinquante ans, le français sera parlé partout en France, lui dit le minsitre.
-Monsieur, lui répondit Le Coat, en cinquante ans, si Dieu nous préserve, nous pouvons faire quelque chose.
Il traduira en breton d’abord le Nouveau Testament, édité en 1883 et 1893, puis la Bible toute entière éditée en 1897. La bible fut diffusée à plus de 10 000 exemplaires (les évangiles à plus de 100 000 exemplaires). Il traduisit de l’anglais au breton Le Voyage du Pèlerin, composa plusieurs recueils de cantiques sur des airs traditionnels bretons.
C’est à Guillaume Le Coat qu’on doit enfin l’édition et la diffusion en 1885 d’un almanach en breton (Almanach va dar Vretoned) qui allait être diffusé à plus de 7000 exemplaires chaque année.
Les éditions en breton de Guillaume Le Coat allaient conduire à un nouveau de la langue bretonne.