25 octobre 1908. Edmond Pidoux
Edmond PIDOUX, né à Mons, Belgique le 25 octobre 1908 ; mort dans les Alpes le 17 avril 2004. Fils du pasteur parolier Louis Samuel Pidoux (1878-1953) et frère du musicologue Pierre Pidoux*. Il est un écrivain suisse, poète, et dramaturge.
Il a obtenu une licence en littérature à l’Université de Lausanne et devint professeur. En 1941, il a édité un livre de poésie et poursuivit une carrière littéraire à plusieurs facettes, y compris des pièces de théâtre : L'Histoire de Jonas and L'Arche de jonc on the Exodus.
On pourrait le classer comme le parolier protestant suisse de cantiques en français le plus marquant du 20e siècle, si ce n’est en raison du grand nombre de psaumes et cantiques. Nous traitons son œuvre en trois catégories : psaumes, chorals et cantiques ; chants nouveaux.
Trois cantiques en traduction figurent dans Cantate Domino (1974), nos. 47, 117, 134. Le recueil Psaumes, Cantiques et Textes (1976) fournit environ 150 textes de lui dont 26 psaumes. Alléluia (2005) en a retenu 53 cantiques et 10 Psaumes. Son œuvre ne paraît guère dans le recueil luthérien canadien (2009). La musique, pour la plupart date d’avant 1700, se prête plus à l’orgue.
A. PSAUMES
Mélodies et paraphrases du Psautier de Genève :
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Ps 103 : « Rends grâce à Dieu, mon âme » (1976), PCT 53, ALL 103.
1. Rends grâce à Dieu, mon âme, en toute chose ! / Il m’a donné les jours dont je dispose. / Je n’oublierai aucun de ses bienfaits. / Tous mes péchés, sa grâce les pardonne. / Dans mes vieux jours, c’est lui qui me couronne / De son amour qui ne faiblit jamais.
2. Riche en bonté et lent à la colère, / Il nous fait grâce, à nous comme à nos pères. / Il ne veut pas nous accuser toujours. / Il compatit à toutes nos misères. / Autant les cieux s’élèvent sur la terre, / Autant pour nous est vaste son amour.
3. Il est un père, il prend pitié de l’homme ; / Il se souvient de nous, tels que nous sommes. / Il sait qu’un jour tous nous devrons périr. / Ainsi la fleur se fane au vent qui passe. / Nul souvenir n’en reste sur la place / Qui la voit naître et qui la voit mourir.
4. Mais Dieu soutient les hommes qui le craignent, / Et sur les siens, toujours sa bonté règne. / Même il fait grâce encore à leurs enfants ! / Il bénira dans leur obéissance / Ceux qui sauront garder son alliance, / Et se plier à ses commandements.
5. Aux plus hauts cieux, Dieu trône en sa puissance. / Tout ce qui est lui doit obéissance. / Bénissez-le sur terre et dans le ciel, / Vous, ses témoins, ses serviteurs, ses anges ! / Tout ce qu’il fait, proclame sa louange. / Mon âme, exalte et bénis l’Éternel !
B. Chorals :
Edmond PIDOUX puise dans le patrimoine des chorals luthériens, tant des mélodies que des textes. Il révise souvent une version suisse antérieure. Voici notre choix de onze chorals qu’il a lui-même adaptées :
1. « Ô mon peuple, prends courage » (1976 de „Tröstet, tröstet, meine Lieben“ (1671) par Johann OLEARIUS (1611-84) LCL 320. [trad. Angl.: ‘Comfort, comfort ye my people’ (1863) de Catherine Winkworth. Mélodie PSALM 42 du Psautier de Genève (1551). PCT et ALL.
2. Écoutez la voix qui crie : / Qu'un chemin lui soit ouvert ! / Préparez la route unie / Devant lui, dans le désert ! / Que les monts soient abaissés, / Les vallons soient effacés ! / Dans sa gloire, Dieu se montre : / Soyez prêts pour sa rencontre.
3. Ce n'est pas un sacrifice / Que demande le Seigneur, / Mais l'amour et la justice / Dans l'humilité du cœur. / Aujourd'hui, voici qu'il vient ! / Il rassemblera les siens / Pour qu'ils marchent dans ses voies, / Pour qu'ils vivent dans sa joie.
11. « Ô Jésus, par tes blessures » (1926) dans le Psautier Laufer (1926) ; rév. 1976 de „Jesu, deine Liebeswunden“ (av. 1706), par Christoph WEGLEITER (1659-1706). La mélodie Jesu, deine Liebeswunden (1736) est attribuée à BACH, BWV 471. PL 299, PCT 284, ALL 33-22 :
1. Ô Jésus, par tes blessures, / Tes angoisses et ta mort, / Le salut, tu me l’assures : / Tu me rends toujours plus fort.
4. En Christ est mon espérance, / Et je lui remets mon sort. / Dans la mort et la souffrance, / Mon Sauveur me rend plus fort.
Cantiques pour la Cène :
Le dernier choral cité s’emploie aussi lors de la Cène. Edmond PIDOUX produit plusieurs chants à cette fin.
PCT 226 : « Jésus, ton Église est prête ! » (1976) où il délaisse la solide version : « Pare-toi pour une fête » (1926) de Louis MONASTIER-SCHROEDER (1871-1953), de „Schmücke dich, o liebe Seele’ (1649) de Johann FRANCK (1618-77). Mélodie SCHÜCKE DICH (1649) de Johann CRÜGER; [Trad. Angl.: ‘Deck thyself, my soul, with gladness’ (1863) de Catherine Winkworth*, rev. Jubilate (1982) ‘Deck yourself, my soul, with gladness’
Cantiques
« Sur ton Église universelle » (1976) / (1823) Jean-Maximilian Carbon-Ferrière (1778-1858) [Trad. Angl. : ‘Upon thy great Church universal’ (1949) Margaret House].
C. Créations
« Que notre amour se montre’ (1976), PCT 413, ALL 46-07 ; musique (1976) de Bernard REICHEL.
1. Que notre amour se montre en vérité, / Et plus encore en actes qu’ne paroles, / Ayant, Seigneur, ta charité / Pour son modèle, et ta croix pour symbole.
2. Heureux celui qui tourne ses regards / Vers son prochain en s’oubliant soi-même ! / Il trouvera sa pleine part / Dans le bonheur de ce frère qu’il aime.
3. Il gagne en joie autant qu’il a donné, / Ses soins, son temps, ses biens et sa personne. / Comme un soleil, il doit brûler ; / Il n’est plus rien si le feu n’en rayonne.
4. Accorde-nous, Seigneur, un tel amour ! / Il vient de toi, c’est lui qui nous pardonne. / S’il règne en nous, à notre tour / Nous répandons le bonheur qu’il nous donne.
« Seigneur, nous élevons ensemble » (1976), PCT 417, musique de Pierre Pidoux pour les Récoltes*.
3. Merci de couvrir notre table ! / Merci de garder notre toit ! / Apprends à chacun le partage / De tous les bienfaits qu’il reçoit.
5. Fais-nous repousser le scandale / De luxe à côté du besoin, / Avec le honteux gaspillage / Devant la misère et la faim.
Conclusion
Son écriture manifeste une mentalité conservatrice sur le plan théologique et des talents poétiques et littéraires. Son vocabulaire demeure moderne sans être à la mode. Un sens poussé du soin paternel de Dieu sous-tend bon nombre de ses poèmes. Sa focalisation sur le Christ s’incarne par des accents mis sur le discipulat chrétien. Ses psaumes et cantiques insistent sur l’amour chrétien, le service d’autrui et l’unité entre chrétiens. Ainsi la portée éthique parfois radicale des hymnes anglo-saxons aux années 60 et 70 s’exprime d’une manière moins agressive dans une poésie française mise sur des musiques anciennes, principalement sur des psaumes et chorals protestants.
Stuart Ludbrook
Lectures :
S. Ludbrook, Le chant protestant de langue française : 1705-2005, Charols, Excelsis, 2020.