22 août 1740. Bénédicité de Chardin
« Le Bénédicité » est un tableau célèbre de Chardin conservé au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg. Le Louvre en possède une peinture du même thème qui fut exposée au Salon de 1740 (à partir du 22 août 1740 pour trois semaines).
Dans un intérieur modeste mais soigné, une jeune mère de famille fait réciter le bénédicité à ses deux fillettes, avant de servir le repas. Quelle attention soucieuse de bien faire dans ces gestes simples de la vie ordinaire !Notre attention est immédiatement attirée par la toute petite fille, assise bien droite sur sa chaise d’enfant et qui joint consciencieusement ses deux mains potelées sous le regard attentif de sa mère vers laquelle ses petits yeux sont levés.
Derrière elle, de l’autre côté de la table, la sœur ainée surveille, l’air inquiet, le savoir faire et la concentration de sa petite sœur. La jeune mère est entièrement absorbée dans l’attention qu’elle porte à sa fille cadette qui s’essaie à la prière. Elle veille avec amour et discrète autorité. Le tableau nous touche parce qu’il est criant de vérité humaine, parce qu’il exalte une vie simple et familiale et met en valeur une piété souriante, sans ostentation.
Jean Chardin a puisé dans la peinture hollandaise l’économie des moyens et l’éloge du quotidien, donnant au moindre détail l’intensité d’une réalité spirituelle. Propreté, ordre et silence participent à la sanctification de la vie ordinaire. Quelques mots suffisent à relier la terre au ciel, à rappeler que toute nourriture et toute existence viennent de lui.
Cette prière tisse notre lien à Dieu dans l’action de grâces et la reconnaissance filiale. Il manifeste la puissance du Très-Haut, qui se révèle aux humbles et aux tout-petits, qui nourrit les oiseaux du ciel et habille les lys de champs (Matthieu 6).
Le Bénédicité, par Chardin, 1740. Musée du Louvre