1er septembre 1572. Francis Walsingham et la Saint-Barthélemy

publié le 1 September 2022 à 02h01 par José LONCKE

1er septembre 1572. Francis Walsingham et la Saint-Barthélemy

Francis Walsingham  vers 1530-6 avril 1590) est connu comme le « maître-espion de la reine d’Angleterre Elisabeth, dont il fut également secrétaire d’État. Il est connu pour son efficacité en tant qu'espion et sa capacité à oeuvrer pour la cause de la sécurité de la Couronne anglaise. C’est le père fondateur des politiques modernes de renseignement.

Francis Walsingham, est ambassadeur d’Angleterre en France (janvier 1571-avril 1573, lors de la Saint-Barthélemy (24 août 1572).

Alors que les huguenots étaient massacrés dans les rues, Walsingham, sa fille de cinq ans, Frances, et Ursula, enceinte, étaient chez eux dans leur maison de Saint Marceau. Avec eux se trouvaient également le beau-frère d'Ursula, Robert Beale, qui était le secrétaire de Walsingham.

L’ambassade de Walsingham,  c’est-à-dire sa maison parisienne, située au faubourg Saint-Marceau, devient temporairement un refuge pour des protestants français. Les cercles diplomatiques fournissent un asile sûr aux protestants, français ou étrangers qui ont les relations suffisantes pour se réfugier dans ces sanctuaires - pourtant fragiles - que sont les ambassades.

Walsingham pousse les limites de la conscience et de l’entraide confessionnelle jusqu’à mettre en danger sa propre sécurité, notamment en accueillant, puis en cachant le très recherché sieur François de Beauvais de Briquemault, bras droit de Coligny.

Lorsque le Français a refusé l'offre d'argent et de chevaux et a plaidé sa cause à genoux, Walsingham a choisi de suivre sa conscience. On le déguisa en palefrenier et on le cacha dans les écuries de l'embassade.

Sa découverte après plusieurs jours a été imputée à l'un des serviteurs de Briquemault , qui a été repéré dans la ville et obligé de révéler où se trouvait son maître.

Le roi exigea la remise de Briquemault, ajoutant qu'il forcerait l'accès à l'ambassade si nécessaire. Même alors Walsingham n'a pas abandonné son ami, l'accompagnant au tribunal dans un carrosse fermé pour demander sa vie sauve. Cela n'a servi à rien : Briquemault a été jugé et exécuté avec ses correligionnaires huguenots pour avoir vulu renverser la monarchie des Valois.

L’ambassade est un refuge pour des protestants d’Europe entière pris dans le piège parisien ; des Anglais s’y abritent, tels que le médecin Timothy Bright ou le poète Philip Sidney.

Timothy Bright (1551-1615) est un médecin britannique. Il fait des études de médecine à Paris et il asssite au massacre en tant qu’étudiant. Il rend hommage, bien plus tard, au diplomate dont la maison fut « à cette époque un véritable sanctuaire, pas seulement pour ceux de notre nation, mais aussi pour tous les étrangers alors en danger ».

Philip Sidney (1554-1586) est un noble anglais, officier et poète. Il est issu d'une famille protestante « confession à laquelle il reste fidèle toute sa vie ».

De 1572 à 1575, il fait un long voyage sur le continent, comme il convient à un jeune homme bien né. Ce neveu de vingt ans du comte de Leicester est témoin de la Saint-Barthélem. La Saint-Barthélemy va établir des liens profonds entre Sidney Walsingham. Sidney epousera en 1583, Frances le fille aînée de Walsingham.

Le jeune Lord Wharton trouve également refuge à l’ambassade alors que son tuteur, un pasteur anglais est massacré par la foule.

Des années après, l’historien protestant italien Pietro Bizarri remercie l’ambassadeur anglais de l’avoir accueilli au cours de ces heures tragiques.

Le 1er septembre, Walsingham se rendit à la cour pour recevoir l'explication de Charles et Catherine sur » l’incident » qui devait être transmise à Elizabeth. Ils l'ont informé que les attaques initiales n'avaient été qu'une tentative de protéger Charles d'un complot dirigé par Coligny. Charles n'avait aucune envie de nuire à ses relations avec Elizabeth et proposa de punir les meurtriers de trois Anglais victimes du massacre. Walsingham n'a pu que souligner que l'ordre public était tellement perturbé qu'il était peu probable que les coupables puissent être identifiés.

Les amis de Walsingham, Burghley et Leicester, ont cherché à réconforter Walsingham. De retour en Angleterre, les horreurs du massacre français avaient renforcé le sentiment que l'Angleterre devait se battre pour le protestantisme. Des prières publiques ont eu lieu et les gens ont été exhortés à se repentir avant qu'une punition divine similaire ne leur soit infligée.

Elizabeth a donné la permission à Walsingham de dire à Charles qu'il ne voulait pas rester à la cour de France. Le roi a répondu que son retrait équivaudrait à une rupture des relations diplomatiques, ce n'est donc qu'en avril 1573 que Walsingham a pu rentrer chez lui - épuisé de corps et d'esprit, profondément endetté et consumé par le sentiment que son ambassade avait été un échec.

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John P. D. Cooper, The Queen's agent : Francis Walsingham at the Court of Elizabeth I, Londres, Faber & Faber, 2011, p 1-2, 79

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